7 ans plus tard

9 1 5
                                    

Je me souviens encore le jour où Bruno m'a annoncé qu'il déménageait loin d'ici, en Europe. C'était en cinquième, nous étions adolescents et moi je n'étais pas dans ma période. Maintenant j'ai grandi, et pourtant, je me souviens encore de notre dialogue.

- Alors tu pars comme ça, sans rien dire, c'est ça ? avais-je hurlé.

- C'est pas ce que tu crois, s'excuse Bruno...

- TU TE CASSE EN EUROPE POUR UN FOUTU BOULOT DE TON PÈRE !

- Je n'ai rien pu faire, c'est mon père qui a décroché un boulot là-bas et...

- JE M'EN FOUS DE TON PÈRE...

C'est à partir de là, je crois, que je me suis mise à pleurer, à éclater en sanglot.

Je le déteste. De tout mon cœur, de toute mon âme, rien ni personne n'est pire que lui. Il m'a fait un sale coup. Et je ne le lui pardonnerai jamais.

- Dégage, avais-je sangloté.

- Cébren...

- DÉGAGE J'AI DIS !

Puis il est parti, laissant mes derniers mots sans doute gravés dans sa tête. Bruno était la seule personne que j'aimais et le voilà qui disparaît de ma vie. Bon débarras.

Vivons le moment présent. Je suis dans une tenue noire, toute noire, les yeux rouges et bouffis à force d'avoir pleuré. Je me tiens face à la tombe de ma sœur.

Devant la tombe de Ysandre. Les funérailles ont commencés et je ne peux m'empêcher de pleurer. Ysandre avait les poumons fragiles quand elle est sortie de l'hôpital, il y a maintenant sept ans. Il y a une semaine, alors qu'elle rentrait à la maison avec papa, son cœur s'est arrêté de battre et ses poumons s'enflammaient. Du moins, c'est ce que le docteur à dit. Ils ont réussi à la maintenir en vie durant deux jours, puis elle s'en est allé. Deux jours à vivre dans la souffrance. Deux jours à m'apitoyer à son sort. Morte alors qu'elle n'avait rien fait.

Maintenant, je vais devoir affronter la réalité seule. Toute seule.

Non, en faite, pas toute seule.

Il s'appelle Adrian, un ami que j'ai rencontré en 4ème, un an après le départ de Bruno. On s'entend bien. Il avait une petite bande qui ne me plaisait pas et l'a quitté juste pour moi. Parce-qu'il m'aime et je l'aime aussi.

On s'aime dans le vrai sens. L'amour et tout ça... Lui et moi...


##

Je me mouche fort dans le mouchoir que m'a prêté Adrian.

- Ça va aller, chuchote-t-il en frottant sa main dans mon dos pour me réconforter.

- Non... Ça... Ça n'i... N'ira pas... Pas... bégayé-je en sanglot.

- Je suis là... Calme-toi...

Mes hoquets de pleurs commencent à me faire mal au cœur. La tête appuyée contre son torse, je respire son odeur. Au chaud, comme un bébé.

Il me caresse les cheveux.

- Emb... Embrasse-m... moi, essayé-je de dire.

Je tourne la tête pour qu'on se regarde puis, nos bouches à quelques centimètres de l'une de l'autre, Adrian donne un petit coup de tête avant pour que nos lèvres se touchent. On s'embrasse longuement, nos lèvres mangeant celles de l'autre. Sa main dans mes cheveux, la mienne sur son cou, on s'enlace, nos mains descendants jusqu'à nos reins. On se décroche un instant pour se recoller de nouveau. Après au moins un bon quart-d'heure de bisous et de câlins, on se relève et marchons ensemble dans la rue.

Les HooperWhere stories live. Discover now