CHAPITRE SIX

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A X E L

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A X E L

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Violet. Violet. Violet.

Elle s'appelle Violet. Violet comme la fleur.

Son prénom ne pouvait pas mieux lui aller. Il est doux comme les pétales d'une rose, il est percutant, comme les épines des ronces, il est mélodieux comme le bruissement du vent dans les bourgeons.

Violet. Violet. Violet.

Je répète son prénom dans ma tête, à voix basse, à voix haute, pour en imprimer les sons, pour en déguster la saveur, pour en découvrir les sens cachés. Il a un goût frais et sucré de printemps, une odeur de doux parfum des champs de fleurs sauvages, une sonorité qui fond sous la langue, telle une fraise sauvage qu'on aurait dérobée sous un buisson.

Violet. Violet. Violet.

Allongé sur le sol tiède de ma chambre, je suis incapable d'orienter mes pensées vers autre chose que Violet. Grand-mère a raison, elle est si précieuse pour un monde si effroyable avec ses pinceaux, ses nuages et ses plantes. S'il existait un paradis terrestre, un havre de paix céleste, elle en serait la personnification.

Violet cherche son inspiration dans le ciel. Moi je puise la mienne dans un autre ciel : le plafond nu de ma chambre. Aujourd'hui pourtant, en revenant de ma balade, je me suis retrouvé dans l'impossibilité d'aboutir à la moindre esquisse de création. L'ambiance café au lait qui règne dans ma chambre ne stimule pas mon imagination ce soir, il faut que je me rende à l'évidence.

Il faudra faire autrement, je suppose.

Je roule sur le côté, passant de position allongé sur le dos à appuyé sur un coude. Évidemment, mes genoux se cognent contre la table basse dans mon mouvement. Était-elle déjà là hier ? J'avais l'impression qu'elle était plus loin. Ou alors c'est le tapis beige que je n'ai pas replié.

Oui, ça doit être ça.

Toujours est-il qu'un grognement m'échappe, accompagné de mon habituel « putaaaain ». Cette chambre est définitivement trop petite. Ou disons plutôt qu'elle est trop pleine de livres, ce qui implique de sacrifier de l'espace et de se débarrasser de meubles pour ne garder que le strict minimum - une table, un bureau, un lit, une chaise, du vieux parquet blanchi par le soleil.

Mais j'aime ma chambre. Elle a plus d'âme que certains hommes avec tous les objets désuets, abandonnés et récupérés en brocante. Sans parler de ces stores vieux comme le monde qui ne ferment même plus.

Et j'oubliais la pièce la plus importante de ma chambre - avec les livres : ma machine à écrire. Une fois que mon bras est assez étendu pour la saisir de l'autre côté de la table basse, je relève légèrement mon torse et effleure ses côtés. L'élan me permet de la déplacer jusque sur mes jambes.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESWhere stories live. Discover now