La vie est une oeuvre d'art en cours d'élaboration qu'il n'appartient qu'à nous de transformer en chef-d'oeuvre.
Alors que Violet emménage à Paris pour se rapprocher de sa mère, Axel fait tout pour s'évader de cette ville qui lui rappelle tant de so...
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V I O L E T
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— Bon, les artistes, j'ai étudié votre projet de fin de semestre.
Les paroles du professeur Torcoletti résonnent dans le silence de la petite salle. De la transpiration coule de la tête de certains, d'autres sont surexcités à l'idée d'avoir un retour sur leurs œuvres, d'autres ont un visage figé par la peur.
Je suis un mélange des trois : des éclairs ont pris mon visage d'assaut et une vague de froid remonte dans mon dos en même temps que le stress monte. Mais mon corps est vite réchauffé parce que je suis fière de mon premier tableau « Visage brouillé » que j'ai rendu avec des esquisses pour les prochains.
Axel affirmerait que dire que je suis excitée d'expliquer plus en détails ma démarche et recueillir l'interprétation des autres serait un euphémisme. Et il aurait raison.
A l'origine, je suis quelqu'un qui transpire quand il faut parler devant les autres, qui bégaie quand on m'interroge, qui est incapable de soutenir un regard inconnu plus d'une seconde.
Pourtant, d'après Axel, quand je parle d'art, mes yeux se mettent à lancer des rayons de soleil, mon visage s'empourpre d'excitation, mon nez se retrousse parce que je souris sans m'en rendre compte et mon bégaiement s'atténue et s'en va même parfois.
Je deviens une autre Violet.
Non. Je montre une face cachée de la Violet que je suis. Parce que nous n'avons pas qu'un seul trait de personnalité, il existe la Violet d'une timidité maladive et la Violet ouverte qui parle d'art comme certains parlent du beau temps ou de football. Et contrairement à ce que l'on croit, les deux ne sont pas opposées, plutôt complémentaires.
— Je tiens avant tout à vous féliciter parce que cette année a été très fructueuse, avec plein d'artistes en herbe, beaucoup d'imagination et une grosse pincée de talent. La recette parfaite pour un professeur.
Des acclamations accompagnées d'applaudissements accueillent les propos de Monsieur Torcoletti.
— Merci, merci. Maintenant, pour ne pas vous spoiler vos résultats avant de vous donner le compte-rendu, je vais vous appeler un par un. Dans la pièce attenante dans laquelle Madame Levreux patiente bien sagement, vous allez pouvoir vous entretenir avec elle et moi-même. Et en attendant, je vous laisse descendre observer le travail de vos camarades dans la galerie.
Impatients d'admirer notre œuvre et celles des autres, nous nous agglutinons vers la porte comme un troupeau de moutons.
Alors que je m'apprête à descendre, mon professeur m'appelle depuis la porte restée ouverte.
— Pas si vite, Violet Asawa, tu passes la première.
Évidemment. Mon nom de famille comme par un A, donc je suis souvent appelée en première. Et ce n'est pas facile d'être la première partout quand on est timide.
