CHAPITRE TRENTE-QUATRE

260 40 3
                                    

A X E L

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

A X E L

——— ✒ ———

Violet n'est pas venue au café ce matin. Et elle n'est pas non plus allée acheter des fleurs à la boutique de grand-mère. Ça ne sent pas bon.

Le stress m'obstrue la cage thoracique toute la matinée. Je renverse plusieurs cafés, je me fais incendier par des cyclistes en marchant et même pendant les cours de littérature, je ne suis pas concentré moi qui pourtant adore ça.

Dès que j'ai terminé mon avancée du jour pour mon projet d'écriture créative, je suis le premier à sortir de la classe. Comme le métro se déplace trop lentement à mon goût, je décide de filer à pied à l'appartement de Violet.

Quand j'arrive devant sa porte après être passé devant Barnabé en quatrième vitesse, je crache mes poumons. On pourrait même faire cuire des saucisses sur mon visage tellement j'ai couru. Et mes jambes me lancent, comme si elles étaient passées dans une essoreuse.

Je frappe à la porte, plusieurs fois, sans que personne ne vienne l'ouvrir. En même temps, même sans tendre l'oreille, je perçois du bruit de l'autre côté. Non, plutôt du vacarme. Les sourcils froncés, je réessaie, sans succès. On dirait qu'une bataille de meubles s'est engagée dans l'appartement. Ce n'est pas étonnant que Violet ne m'entende pas.

Comme elle oublie toujours de verrouiller la porte, j'essaie de l'ouvrir. Évidemment, aujourd'hui c'est fermé.

Sauf que cette fois, je sais qu'une clé est dissimulée dans le pot de fleurs à gauche du paillasson. Violet me l'a montrée lorsque je l'ai ramenée après le restaurant. Dans la précipitation, elle était partie sans son trousseau de clés et son père était sorti.

La clé tournée, je pénètre dans un appartement qui n'a plus rien à voir avec celui de Violet. Lui qui est toujours sobre, presque minimaliste à cause des bagages non défaits qui s'entassent dans des coins, il est maintenant sens dessus dessous. Et encore, c'est un euphémisme.

Le sol croule sous les cartons, les objets divers, les éclats de verre. Ce qui m'inquiète encore davantage, ce sont les croquis de Violet à moitié déchirés gisant sur le sol. Pour quelle raison aurait-elle saccagé ses œuvres ?

Même Kumo s'est réfugié sous la table de la cuisine. Il n'ose pas s'approcher de moi par peur de marcher sur des fragments d'objets cassés.

Où diable est Violet ?

Pour la trouver, je me laisse guider par le bruit de la bataille sans merci qui continue à faire rage depuis sa chambre.

Si le salon était un champ de bataille, sa chambre est un cimetière. Les œuvres de Violet sont des tombes blasphémées, ses plantes des fleurs en train de mourir et les fragments du peu d'objets qu'elle pouvait posséder me font penser à des gravillons.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESWhere stories live. Discover now