CHAPITRE QUARANTE

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A X E L

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A X E L

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La différence entre les battants et les autres, c'est leur capacité à se relever après une chute. Tomber, ce n'est pas grave en soit. Ce qui est grave, c'est de ne pas se relever. C'est quand on est au sol qu'on voit qui a de la force mentale et qui n'en a pas.

Je crois que j'appartiens à la deuxième catégorie.

J'essaie de remonter la pente. J'essaie vraiment. Mais positiver, c'est difficile quand on est en bas de la montagne et qu'on contemple les obstacles s'élevant à perte de vue qu'il nous reste encore à gravir.

Mais comme dirait Violet, après chaque averse, il y a une éclaircie. La mienne a intérêt à être un soleil aveuglant tellement il brillera fort.

Mes poings me font souffrir, mais ce n'est rien en comparaison de la douleur qui me broie de l'intérieur. J'ai l'impression d'avoir avalé un mixeur qui s'est mis en fonction à la vue de mon père et qui met mes organes en morceaux.

Il a osé venir. Il a osé me demander pardon. Il a osé croire que j'allais l'accueillir dans ma vie comme si de rien n'était.

D'un geste rageur, je jette une nouvelle pierre dans la Seine. Elle ricoche sur l'eau avant de sombrer dans les profondeurs du fleuve. Ce galet, c'est un peu moi en ce moment : une partie du monde infime qui rebondit sur la vie avant de couler, couler, couler. Comme le pauvre caillou, je tombe vers un fond toujours plus sombre, toujours plus maussade.

Il ne pleut pas. C'est idiot, mais j'espérais que le temps me communiquerait sa compassion. C'est le minimum.

Mais même la pluie n'est pas là pour me tenir compagnie. Je suis tout seul dans Paris, assis sur un banc, le regard fixé sur la lueur blafarde du crépuscule qui se réverbère dans l'eau de la Seine.

Je ne m'explique toujours pas comment j'ai trouvé la force de marcher jusqu'aux quais. Ma tête tournait, mes poings me lançaient, mon cœur tombait en miettes que je semais derrière moi et mes pensées s'étaient transformées en un champ de bataille.

Mais j'ai réussi à gagner la Seine.

Quand je fais des insomnies et que mon cerveau est enflammé, les clapotis de l'eau embrassant les quais me calment. Et puis, l'eau, ça éteint le feu. J'espère qu'elle parviendra à noyer mon feu intérieur.

En fait, j'aurais dû appeler les pompiers. Pour éteindre l'incendie qui s'est déclenché dans mon corps, ce n'est pas d'un fleuve dont j'ai besoin. C'est de toute l'eau de la planète.

J'essaie de me focaliser sur ma respiration comme les pédiatres me l'avaient conseillé, mais le processus est long et sinueux. Les yeux fermés, mes poings abîmés serrés si fort que les veines ressortent, la respiration forte, je cherche un point d'apaisement en moi.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESWhere stories live. Discover now