CHAPITRE VINGT-NEUF

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V I O L E T

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V I O L E T

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Quand j'ouvre les yeux, je trouve bizarre qu'il fasse encore sombre dans la chambre d'Axel. En temps normal, je me réveille toujours avec les oiseaux et un filet de lumière baigne mon appartement.

Il me faut quelques instants pour comprendre ce qui m'a tirée du sommeil : des cris provenant du salon. Je sursaute en reconnaissant la voix d'Axel.

Que se passe-t-il ? S'il se fait attaquer, il faut que j'aille le protéger ! Les batailles imaginaires contre les ennemis qui résident dans notre tête, ce sont les plus difficiles à mener. Il aura donc besoin de toute l'aide possible.

A tâtons, je cherche le bouton de la lampe à pompons que j'aime tant. La lumière est si faible qu'elle n'agresse pas mes rétines. Axel a tout compris en l'achetant. Il faudrait que je prenne exemple sur lui.

La porte grince quand je l'ouvre. Le bruit semble avoir calmé Axel, car il ne hurle plus. Mais même dans le salon plongé dans l'obscurité, je le perçois s'agiter sur le canapé, tournant et retournant sur place, s'agrippant à sa couverture.

Mes doigts trouvent à tâtons l'interrupteur que j'allume pour trouver mon chemin jusqu'au canapé. Hortense ne s'est pas réveillée, ou du moins pas encore. Il faut que j'aille calmer Axel pour éviter qu'il ne se blesse dans son sommeil et qu'il n'écourte pas la nuit de sa grand-mère.

En prenant garde à ne pas me cogner les pieds dans les meubles, j'avance jusqu'au canapé. Là-bas, je m'agenouille à la hauteur d'Axel, assez près pour pouvoir le toucher si je tends la main, assez loin pour m'écarter s'il donne des coups.

Il n'a pas l'air d'aller bien, Axel. Dans la pénombre, son visage apparaît plus pâle qu'il ne l'est en réalité, presque gris. Comme ses yeux sont fermés, je ne peux pas plonger mon regard dans la lueur bleue rassurante de ses iris. Sans son éternel sourire, ses traits sont tirés, miroirs de la fine pellicule de sueur qui fait encore plus boucler ses cheveux bruns.

Est-ce que je dois le réveiller ? L'extraire de ses cauchemars sera aussi douloureux que de l'y laisser, je le sais. Mais ça me brise le cœur de le voir dans une telle détresse.

— A-Axel ? je chuchote en lui touchant l'épaule.

Il continue de s'agiter sous le contact de mes doigts.

J'ai peur. Peur que ses cauchemars lui fassent mal. Peur qu'il se noie dans le lac sombre que sont ses mauvais rêves. Peur qu'il se perde dans l'obscurité du tunnel dont il est prisonnier.

— A-Axel ? je répète en le secouant un peu plus.

Cette fois, il réagit : son silence se transforme en cris étouffés qui se mêlent aux larmes qui coulent sur ses joues.

LE CHEF-D'OEUVRE DES ÂMES ABÎMÉESWhere stories live. Discover now