La vie est une oeuvre d'art en cours d'élaboration qu'il n'appartient qu'à nous de transformer en chef-d'oeuvre.
Alors que Violet emménage à Paris pour se rapprocher de sa mère, Axel fait tout pour s'évader de cette ville qui lui rappelle tant de so...
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V I O L E T
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Si j'aime l'automne pour ses couleurs et pour pouvoir porter des gros pulls sous ma salopette, j'aime encore plus le printemps. Être témoin de la vie qui renaît, sentir le soleil qui redevient chaud, entendre les bruits de la nature frémissante, ce sont les choses pour lesquelles je vis.
Ces derniers temps, le parc est devenu notre repère à Axel et à moi. Après les cours, nous partons en exploration et nous finissons à chaque fois ici, allongés sur la pelouse parmi les pâquerettes.
— Tu... Tu ne penses pas qu'il faudra que je décore mon... mon arrosoir ?
Axel lève les yeux de son livre pour regarder l'arrosoir que je brandis.
— Tu ne trouves pas qu'il est... hm... trop... trop fade ?
— Trop fade ? s'esclaffe Axel. Vio, il est vert avec des points roses.
— Oui ! C'est ce que je dis ! Il... Il est fade !
Je pourrais rajouter des autocollants fleuris ou des mini baleines. J'aime les baleines. Oh, et des papillons ! C'est beau les papillons !
— Tu lis quoiiii ?
Je me laisse tomber dans la pelouse juste devant Axel, ma tête à côté de son livre. Il est allongé sur le ventre, le livre maintenu en équilibre sur le bas.
— Du Marguerite Duras. Tu connais ?
Je secoue la tête, ce qui me vaut un écarquillement d'yeux de la part d'Axel. Comme il trouve que c'est une honte, il explique la vie de cette Madame et les œuvres qu'il préfère. Il a l'air d'aimer cette auteure autant qu'il aime Albert Camus, ce qui veut tout dire. Pas encore autant que Shakespeare, mais c'est quand même beaucoup !
— Axeeeeel !
S'étant replongé dans sa lecture, il relève de nouveau la tête pour croiser mon regard.
— Je... Je crois que je suis jalouse de ta Marguerite Duras. M-Moi aussi je veux que... que tu me regardes comme tu regardes le... le livre !
— Vio, toi je te regarde comme je regarderais une édition collector unique des œuvres de Shakespeare.
Je rougis de plaisir. On ne peut pas se méprendre à la vue de mon sourire : je nage dans du bonheur liquide.
— Attention, tu te transformes en tulipe, se moque Axel en étendant sa main pour toucher mes joues toutes chaudes.
— C'est... C'est un coup de soleil !
— Et moi je suis Roméo !
Je souffle en roulant sur le côté.
Mon genou se cogne à mon sac. Je me penche pour attraper mon carnet de croquis qui se trouve à l'intérieur. Il faut que je capture Axel apaisé, en train de lire. Depuis qu'il s'est rabiboché avec Hortense, il sourit à nouveau.
