CHAPITRE XLIX - « Giving up »

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Mes mains retombèrent sur mes hanches, comme si c'était la conclusion la plus logique. Je ne savais pas pourquoi j'avais dis ça, ni même si je le pensais vraiment. Je regretterais sans doute ses paroles. Non, tu ne regrettes rien, jamais. Harry me regarda, je n'arrivais plus à lire en lui, si je l'avais déjà fais auparavant. Je ne savais plus rien. J'étais complètement dans le flou, et son silence m'indiquait que lui aussi.

J'étais coincée, j'avais envie de le fuir après avoir dit ça, je voulais partir, mais aucun de mes membres ne bougeaient. Il ne bougeait pas non plus, ses boucles retombaient sur ses yeux, je n'arrivais pas à voir où il regardait. Il leva la tête vers le ciel un instant en inspirant. Je l'observais sans savoir quoi dire, quoi faire. Tu aurais du fuir quand tu en avais le temps. Son regard croisa le mien, mais il détourna les yeux, il fit un pas en arrière, il se frotta le menton de la main, il voulait dire quelque chose.

- D'accord, répondit-il doucement.

Quoi ? Inconsciemment je fis un pas en avant, mais il recula et me tourna le dos rapidement.

Je restais là, à le regarder partir, comme si c'était lui qui avait prononcé ces paroles. Mais non. C'était moi. J'avais dit ça, et pourtant j'étais celle qui était immobile. Je mis plusieurs minutes avant de réaliser qu'il pleuvait et que j'allais être trempée si je ne bougeais pas rapidement. J'attrapais à nouveau mes écouteurs et mit la musique à fond dans mes oreilles pour m'empêcher de penser.

Le trajet s'avéra plus rapide que ce à quoi je m'attendais. Je grimpais les marches et rentrais dans la chambre à moitié trempée. Je retirai toutes mes affaires mouillées, et me retrouvais en sous vêtements immobile au milieu de la chambre vide. J'allumais mes enceintes et brancha mon téléphone, je mis la musique assez fort pour ne pas avoir à penser. Je détendis mon corps, la tête levée vers le plafond, les yeux fermés, me concentrant sur ma respiration.

J'attachais mes cheveux, j'avais besoin de détente. J'attrapais des affaires non mouillées, et me roulais un joint. Ça faisait longtemps que je n'avais pas autant ressenti le besoin de fumer. J'attrapais mon téléphone et monta les escaliers jusqu'au toit. Je savais qu'il pleuvait, mais peu m'importait. Une fois en haut, le temps s'était dégagé, je tapais vite fait un message et allumais le joint.

J'avais besoin d'évasion. Sans conséquences. J'avais besoin de ne plus penser. Je montais sur l'une des plaques en métal présentes un peu partout, de l'air chaud se dégageait des grilles ce qui me fit sourire. Je tournais plusieurs fois sur moi même les bras écartés. Après plusieurs minutes, je m'installais sur un bloc de béton, les jambes dans le vide, je tirais plusieurs bouffées quand une main se posa sur mon épaule, je me tournais pour voir Ed, il s'installa à mes côtés. Je lui tendis le joint qu'il accepta avec un sourire. On resta là plusieurs minutes à fixer l'horizon, ou du moins ce qu'on pouvait en voir, il y avait de nombreux bâtiments plus haut que la résidence, néanmoins le silence et l'air me permettait de respirer correctement. Ed me rendit le joint et descendit du bloc, il me tendit la main, et après avoir tiré une nouvelle latte je descendis avec son aide.

- Prête pour ce soir ? Demanda-t-il en souriant, je hochais la tête.

J'aimais Ed pour ça. Il ne me posait jamais de questions, si j'avais besoin de lui, il venait. C'était bien la première personne que j'appellerai si je devais enterrer un corps. Il posa son bras sur mes épaules.

- Je suis contente que tu sois revenu, lançais-je en le regardant, il se mit à sourire de toutes ses dents.

On passa quasiment deux heures sur le toit à discuter de tout et de rien. Surtout de rien. Je n'avais pas évoqué le sujet Harry, tout simplement parce que je savais qu'Ed se réjouirait de cette nouvelle et je ne voulais pas qu'il me balance qu'il avait raison. Je détestais avoir tord. J'étais trop orgueilleuse. Ça avait bouffé ma relation et c'était aussi en train de me bouffer. J'avais décidé de faire abstraction de ça pour une journée au moins. Je me devais ça. Je le méritais.

Worthless Feelings - H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant