Oh my hearts! {SeChanBaek} [TERMINEE]

Chapitre 52: Un dernier baiser.

Point de vue de Chanyeol

Il est tard et les nuages nocturnes ont déjà eu le temps d'engloutir dans leur couche cotonneuse, les quelques étoiles que j'espérais voir. Même si je suis terriblement déçu de ne pas pouvoir lui offrir ce spectacle, Baekhyun ne semble pas le moins du monde dérangé. Les yeux rivés sur ses pieds, il me suit à travers les troncs d'arbres lisses en évitant les racines traîtresses sur lesquelles je trébuche pour la deuxième fois.

- Fais attention, me réprimande-t-il sans le moindre amusement.

Je ne peux pas m'empêcher d'angoisser. Je sais qu'il faudrait que je m'abandonne à mon inconscient que je le laisse tout contrôler, rien que pour ce soir. Mais je n'y arrive pas car je suis un réel monstre du contrôle. Je veux que tout soit parfait, que rien ne vienne gâcher cette merveilleuse et dernière soirée. C'est ma dernière chance, mon dernier atout, il faut que j'abatte mes cartes sur la table, et j'ai du retard à rattraper je le sais.

J'ai trop foiré, j'ai plus le temps de laisser Sehun prendre de l'avance il faut que je lui prouve que je suis celui qu'il lui faut car sinon... qu'adviendra-t-il de moi ? Je vais finir seul. Complètement seul, sans plus personne pour m'aider et me tenir la tête hors de l'eau.

Depuis que ma maladie a été descellée, je n'ai cessé de couler. Un mètre de plus à chaque nouveau coup donné, la distance s'agrandissait un peu plus à chaque pulsion, chaque main baladeuse, chaque crise de rage, chaque sanglot retenu, larme ravalée.

J'ai fini par toucher le fond. Je me rappelle de ce soir là où j'ai passé un quart d'heure à jouer avec l'arme de service de grand-père. Le canon semblait juste à sa place dans ma bouche. J'avais qu'à appuyer et tout était fini.

Mais j'ai pas eu les couilles de le faire. Pourquoi ? J'en sais rien. Je sais juste qu'à ce moment-là, Mark m'a appelé. C'est peut-être ça qui m'a dissuadé, qui m'a empêcher de presser la détente. Quoiqu'il en soit, le lendemain je rencontrais Baekhyun.

Si je l'avais fait... je n'aurais jamais croisé sa silhouette, son visage, ses yeux et son sourire. Je ne sais pas si j'aurais regretté car avec le crâne explosé, je doute qu'on ait encore la capacité de se repentir.

Après ça, je n'ai plus jamais retouché l'arme de grand-père. Je l'ai laissée dans la boîte à chaussure et ai augmenté ma dose de clopes en espérant que ma mort soit lente et douloureuse.

Je repense à ces tristes heures sombres où la peur de la solitude m'a presque conduit à l'irréparable, et sens l'effroi me tordre la gorge. Je ne veux pas être seul... Sinon, les médicaments ne serviront plus à rien. Si je ne suis plus le centre de personne, si plus personne ne m'aime, ne répond plus à mes appels, ne me résonne plus, je vais devenir définitivement fou.

J'ai envie de le supplier à genoux de ne pas me laisser mais cette putain de fierté m'en empêche. Au lieu de quoi, je ne peux que saisir sa main dans la mienne.

Nous débouchons dans une clairière intime où j'installe la couverture d'une main tremblante. Tandis que Baekhyun s'installe en tailleur, j'ouvre le panier en osier et lui offre un sandwich qu'il accepte avec un sourire timide. Aucun de nous ne parle comme si nous savions que cette soirée était déterminante. Comme s'il était évident qu'il avait déjà choisi.

Comme s'il lisait dans mes pensées, Baekhyun chuchote entre deux bouchées :

- Tu sais, je n'ai pas encore pris de décision. Je n'y arrive pas. Alors n'abandonne pas.

Son visage éclairé par le clair de lune se tourne vers le mien alors que ses lèvres s'entre-ouvrent sans se refermer.

- Je sais, mens-je en me penchant vers lui.