Le tatoueur d'en face [HS]

Chapire 6 - Facilité

Je suis sur la table d'Harry depuis environ vingt minutes maintenant et il n'a pas dit un seul mot. Il fait aller son aiguille dans le plus grand des silences. Je décide de décaler ma tête pour pouvoir le regarder. Il est totalement concentré sur son travail. Il a les sourcils froncés et le bout de la langue pincé entre ses lèvres parfaitement rosées.

Il retire l'aiguille de ma peau et lève le regard pour plonger ses yeux émeraude dans les miens. Je me sens maintenant mal de l'avoir observé pendant aussi longtemps.

- C'est moi que tu observes ou le papillon ? me demande-t-il avec un sourire prétentieux.

Mon côté sans filtre doit vite reprendre le dessus sur moi et ne pas le laisser, lui, l'avoir.

- Je te regardais, toi, faire mon tatouage, je lui réponds.

Il crache un rire avant de se remettre au travail.

- Tu sais que t'es vraiment une mauvaise menteuse, ajoute-t-il.

Je penche la tête pour le regarder à nouveau.

- Tu sais, que toi, t'as vraiment un ego surdimensionné, je dis.

Il rit à nouveau en continuant de se concentrer sur le papillon qu'il est en train d'encrer dans les couches de ma peau.

- Alors, je sais que tu es nouvellement à Londres, mais je ne sais pas d'où tu viens, souffle le jeune londonien près de ma peau. Je peux en savoir plus sur toi ?

Je me crispe un peu quand son aiguille passe vraiment proche de ma hanche.

- Je viens de Nottingham, je lui réponds. J'avais besoin de changer de décors et de rencontrer de nouvelles personnes.

Il hoche la tête et ne pose pas plus de questions sur ma vie là-bas. Je dois avouer que je ne vais pas m'en plaindre. Je déteste en parler, déjà que j'ai expliqué un morceau de ma dernière relation à mes collègues, enfin ma seule relation jusqu'ici. Je ne veux pas qu'il apprenne à me connaître avec mes échecs et mes erreurs.

- Et, toi ? Tu as toujours habité dans cette ville ? je demande.

- Oui, souffle-t-il. Je ne suis pas un grand explorateur. Je suis plutôt celui qui va rester dans sa ville natale, proche de sa famille.

- Tu es proche de ta soeur ?

Il fronce encore plus ses sourcils et lève le regard pour le plonger dans le mien.

- Quand je suis arrivé l'autre soir, tu m'as dit que ta soeur avait ton double de clé, je lui explique. Je n'ai pas fait des recherches sur toi, ne t'emballe pas trop.

Je lui souris pendant qu'il fait de même. Il se remet ensuite à la tâche.

- Oui, nous sommes très proches, finit-il par répondre.