Le tatoueur d'en face [HS]

Chapitre 33 - Coup sûr

Mon amie me regarde longuement avant de venir me rejoindre près de la caisse. Le contraire m'aurait bien étonné.

- Je t'aurais laissé la frapper si Curtis n'était pas avec moi quand on vous a entendu crier, lâche-t-elle.

Je tourne la tête en affichant un sourire au coin de mes lèvres. Je dois avouer que quelques secondes de plus aurait été nécessaire pour lui donner une bonne leçon. Par contre, les conséquences auraient été bien plus amples, alors c'est mieux ainsi.

- Non, je pense plus que ce serait toi qui aurais fait le travail, je dis en riant.

- Tu as sûrement raison, ricane-t-elle.

Quelques minutes plus tard, la blonde avec qui je me suis embrouillé sort du bureau de son père et se dirige vers ma collègue et moi. Je la regarde marcher ne sachant pas quoi faire d'autres. Je me demande vraiment ce qu'elle va dire, si elle ose sortir un mot de sa bouche.

- J'en ai plus qu'assez de me prendre la tête, lance-t-elle à ma plus grande surprise. Je veux bien faire la paix avec toi si tu es d'accord.

Je reste sans mot devant elle. Je n'ai aucune confiance en elle et en les mots qui sortent de sa bouche. Je me demande vraiment ce que son père a bien pu lui dire.

- C'est vraiment ce que tu veux ou c'est ce que ton père t'a demandé de faire ? je lui demande en penchant légèrement la tête.

- Ça vient de moi, me répond-elle. Je tenais vraiment à lui, tu sais, à Harry, mais il faut que je laisse cette saga-là de côté. De toute façon, ça ne sert plus à rien, je quitte mon poste dans trois semaines. Je viens de l'annoncer à mon père.

Mon cerveau n'arrive pas à suivre ce qui est en train de se passer. Est-elle réellement sur le point de mettre fin à toute la misère qu'elle a créée depuis que j'ai emménagé à Londres et que j'ai été engagé dans ce café ?

- Euh, d'accord, comme tu veux, je souffle.

Je n'ai pas envie de lui faire croire que cette trêve me fait plaisir. En vérité, je dois avouer que ça ne me fait ni chaud ni froid. Elle peut dire toutes les belles paroles qui jonglent entre ses lèvres, mais je ne vais jamais l'entendre me demander pardon. C'est la triste vérité. Au final, je vais aussi mettre cette saga derrière moi.

Elle acquiesce d'un signe de tête et se rue dans la salle des employés. Quant à moi, je continue de faire ce pourquoi je suis ici : servir les clients.

- Qu'est-ce qu'elle voulait ? me questionne mon amie en chuchotant près de mon oreille.

- Si je commençais à écrire une auto-biographie, tu serais la première à l'acheter, je dis pour la taquiner. Elle voulait faire la paix, mais elle n'a jamais été capable de faire des excuses.

Elle hausse les épaules et affiche un léger sourire au coin des lèvres.

- Elle a fait l'effort d'essayer, c'est déjà ça, dit-elle. Il ne faut pas trop lui en demander, elle revient de loin avec tout ce qui a pu sortir de sa bouche depuis que je travaille ici.