Chapitre 26

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Le vent entre par les fenêtres grandes ouvertes et vient fouetter les cheveux des adolescents entassés à l'intérieur

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Le vent entre par les fenêtres grandes ouvertes et vient fouetter les cheveux des adolescents entassés à l'intérieur. On ne sait pas vraiment quelle heure il est, mais le jour approche indubitablement de sa fin. Le soleil disparait lentement derrière les hauts pins, et la voiture file, presque seule sur la longue piste goudronnée qui serpente entre les arbres et les rochers. 

La musique résonne fort, une musique pimpante et énergique, une de celle qui donne envie de chanter à tue tête pour extérioriser une joie sans bornes. La plupart s'époumonent gaiement, dans une tentative de profiter au maximum de l'instant présent.

D'autres se font plus discrets.

Hyunjin, assis à l'arrière d'une voiture, a appuyé sa tête contre la vitre. Il sourit, mais il ne chante pas. Il sourit, sincèrement, mais ce sourire a un goût d'amertume et de nostalgie.

Think of the pain before the pain.

Il y a ce sentiment dans l'air, celui que l'on a que lorsque l'on vient de finir un livre à la philosophie et à l'écriture transcendante, un livre qui nous laisse chamboulé et inapte à n'importe quelle autre lecture pendant plusieurs jours. Le sentiment d'être nostalgique de moments qu'on n'a pas vécus, mais qui nous on marqués et qui resteront à l'intérieur de nous à l'état de souvenirs.

Ce même sentiment qui nous habite quand, au milieu d'un moment qui s'approche potentiellement de ce qu'on a l'habitude d'appeler "bonheur", on revient soudainement sur terre, l'euphorie ne retombe pas mais laisse entrevoir une fin à ce moment qui ne devrait jamais en avoir. Le sentiment d'être nostalgique de quelque chose qu'on a même pas finir de vivre. Tenter de graver dans sa mémoire le bout de félicité qu'on a la chance d'effleurer du bout des doigts. Être nostalgique par avance, prendre du recul sur ce qui se passe, se mettre en retrait au lieu d'être dans le feu de l'action. Ça semble idiot, mais Hyunjin n'y peut rien. Et, quelque part, ça apporte encore davantage d'émotions.

Graver dans son âme ces images d'une route entre les pins, de ces adolescents cheveux au vent, heureux, ensemble. Ensemble plus que jamais, ensemble pour toujours. Du moins, c'est ce en quoi ils veulent croire, c'est ce à quoi ils s'accrochent.

Graver les odeurs de pins et de lavande, de sel et de sable collés à la peau. La sensation de fraîcheur apportée par le vent d'été. 

Graver ces sensations qui font qu'on se sent si vivant.

Think of the pain before the pain.

- Hé Jinnie, ça va ? 

Graver chaque voix qui s'élève dans l'habitacle, des chants aux interpellations.

l'art de l'errance ˢᵉᵘⁿᵍʲᶦⁿOù les histoires vivent. Découvrez maintenant