Chapitre 2

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Face à l'impossibilité de trouver un sommeil calme après ce dîner si tumultueux, je décide de prendre l'air sur le balcon du salon

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Face à l'impossibilité de trouver un sommeil calme après ce dîner si tumultueux, je décide de prendre l'air sur le balcon du salon. Mon subconscient me joue des tours, le rêve que je viens tout juste de faire me perturbe au plus haut point. D'autant plus qu'il surgit juste après que j'ai refusé les avances d'Insoon, prétextant une forte fatigue. La vérité, c'est que je n'avais pas de désir à son égard ce soir.

Vêtu de mon long peignoir noir, je prends soin de faire coulisser la baie vitrée dans le plus grand des silences. Je fais de même pour la refermer, une fois à l'extérieur. Ma respiration se calme petit à petit, au contact de l'air frais et du silence de la ville. L'heure avoisine les 3 heures du matin. Ne pouvant gérer cette situation correctement, je m'autorise à entamer un paquet de cigarettes « d'urgence », caché dans le tiroir de mon bureau depuis un an. Il sert principalement pour les jours où je suis très anxieux. Il est donc tout naturel qu'il me soit utile aujourd'hui. La première latte me détend immédiatement, bien que je sache que l'effet de cette faible sensation de confort n'est que dans ma tête. Accoudé à la rambarde, j'observe les fines lueurs des réverbères en bas, dans la rue. Personne ne traîne des pieds, tout le monde dort paisiblement, bientôt prêt à reprendre une journée de travail semblable à toutes les autres.

Mon rêve me revient en tête, dans les moindres détails. Curieusement, je ne me souviens que rarement de ce qu'il se produit dans mon cerveau lors de mon sommeil. Mais ce n'est pas le cas cette fois-ci, presque comme un fait exprès. Dans mes songes, Jungkook et moi sommes réunis dans son cabanon, à Daegu, allongés l'un sur l'autre sur son canapé. Ses parents l'avaient d'ailleurs aménagé exprès pour nous. Initialement, nous jouions aux jeux vidéo dans cet endroit. Puis, plus les années ont passé, plus les baisers ont remplacé les occupations enfantines. Enfin, sur ce canapé, nous nous regardons de longues minutes, alternant mots doux et échanges corporels excessifs. Il n'y a qu'une seule phrase prononcée lors de ce rêve, elle provient de lui : « Je reviendrais, je te jure que je reviendrais ».

Une deuxième cigarette remplace la première terminée, qui a rejoint le cendrier inutilisé depuis des lustres. Pourquoi est-ce si douloureux de se souvenir de tels moments pourtant agréables à l'époque ? Pourquoi mon esprit se décide à me tourmenter en plus de cela ? Ce retour violent du passé dans mon existence actuelle ne procure pas de chagrin, et c'est bien cela le problème. Quand je l'ai aperçu dans mon hall d'entrée, une flopée de papillons se sont excités dans mon ventre, comme ils avaient l'habitude de le faire il y a 10 ans. Au fond de moi, j'ai ressenti un profond soulagement. A croire qu'inconsciemment, je l'ai toujours attendu. C'est ce qui me fait peur, désormais. Même si l'on habite sur le même pallier, rien ne peut redevenir comme avant. Je dois me contenter d'observer un fragment scintillant de mon adolescence sans même pouvoir le toucher du bout des doigts. Ce retour est d'une terrible cruauté.

De plus, je ne peux me demander s'il ressent les mêmes choses à mon égard. Si lui aussi, peine à trouver son sommeil à l'heure où je me trouve à rêvasser sur mon balcon. Puis, quelles sont ces choses que je ne sais pas ? Quelles nouvelles a-t-il à m'annoncer ? Compte-t-il un jour m'en faire part ? Le mystère de son départ, et celui de sa réapparition restent secrets. Moi qui le connaissais si bien, je haie cette distance qu'il essaie de maintenir. Je déteste le fait que je ne sache plus rien du tout de lui.

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