La fraicheur et l'insouciance de l'adolescence mêlées aux souvenirs douloureux. La responsabilité et la réalité de la vie d'adulte, entrecoupées de fragments du passé. Puis, le nouveau voisin qui emménage dans l'appartement d'en face...
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Jimin a fini par répondre à mes messages et m'a donné rendez-vous au café où nous avons nos habitudes, entre midi. C'est non sans appréhension que je m'y rends, je sais pertinemment qu'il ne va pas se montrer très jovial et qu'il va me donner des nouvelles d'Insoon. C'est peut-être un peu tard de ma part, mais j'espère tout de même qu'elle va mieux et qu'elle parvient à encaisser le choc. Si pour se dépêtrer de cette situation, elle est contrainte de me haïr, eh bien, qu'elle le fasse. Chaque moyen sera bon pour qu'elle guérisse de cette terrible trahison.
Je finis par rejoindre la table à laquelle se tient mon ami, et affronte son faciès. Ses traits sont tirés, et ses yeux cernés. Comme s'il était le premier concerné par cette complexe situation. Néanmoins, il m'adresse un faible sourire, ce qui me contente. Le moindre geste de conciliation, même le plus petit, me suffit. Le serveur arrive rapidement et je commande en vitesse un cappuccino, ne ressentant pas une once de faim. Un maigre silence s'installe puis c'est Jimin qui fait le premier pas.
« -Comment tu te sens, toi ? il demande.
-Je suis inquiet, mais globalement soulagé. Enfin... libéré d'un poids. Et toi ?
-Moi ? il rit. Ce n'est pas moi dont il est question. Je ne vais pas te mentir, Insoon ne va pas bien. Elle ne pleure plus mais elle mange peu depuis trois jours, Saejin est toujours à son chevet, il avoue, un peu gêné.
-Je suis sincèrement désolé que tout cela se soit déroulé comme ça. J'aurais dû prendre mon courage à deux mains plutôt. Elle ne méritait pas tous ces mensonges...
-Ce n'est pas faute de te l'avoir répété... il soupire. »
Un nouveau silence s'installe quand le serveur dépose nos commandes sur la table. Constater que Jimin me parle sans animosité me rassure. Certes, nul doute qu'il m'en veut toujours, mais il est capable de mettre ses émotions de côté pour me parler. A vrai dire, je ne suis pas surpris. Il est ainsi, il ne reste jamais fâché très longtemps. Ses orbes me scrutent attentivement, alors qu'il croque à pleines dents dans son sandwich.
« -Elle m'a confié les papiers du divorce. J'y ai jeté un oeil, tout est simple, sans contrainte. Un divorce à l'amiable, tu gardes l'appartement, le chien, elle veut juste récupérer les meubles qu'elle détient personnellement.
-Je vois. Elle est vraiment gentille... même après toutes les crasses que je lui ai faites, elle me fait une fleur, je souffle, presque incompréhensif.
-Je pense qu'elle veut surtout que ça ne traîne pas. Saejin m'a dit qu'elle partait bientôt pour deux mois en Europe, ça concerne divers photoshoots et défilés à ce que j'aicompris, il rétorque.
-Je vois. »
Les yeux dans le vide, je suis presque admiratif mais pas surpris. C'est dans son caractère d'aller de l'avant et de faire face aux imprévus si je puis nommer notre divorce de cette façon. Ce voyage de deux mois lui fera du bien, loin de tous ces souvenirs douloureux. Soudain, je me remémore l'intervention de mon ami lorsque la vérité a éclaté. Il m'a simplement pressé de donner un nom, et non pas « son nom ». Même si cela semble anodin, je suis persuadé qu'il a soigneusement choisi ses mots pour ne pas me contraindre à quoi que ce soit.
