La fraicheur et l'insouciance de l'adolescence mêlées aux souvenirs douloureux. La responsabilité et la réalité de la vie d'adulte, entrecoupées de fragments du passé. Puis, le nouveau voisin qui emménage dans l'appartement d'en face...
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Noël est vite arrivé. Accoudé à la table à manger de ma mère, je suis assez pensif. Depuis le baiser échangé avec Jungkook, mon cerveau surchauffe et mes pensées défilent à toute vitesse. Une idée émerge plus que les autres, une idée qui modifierait tous mes plans, toute mon existence. Pourtant, elle me paraît désormais inévitable.
Le souvenir de la bouche de Jungkook contre la mienne m'obsède. Tel un adolescent ayant eu droit à son premier baiser, je me le remémore plusieurs fois par jour, et ce songe me suit jusque dans mes rêves. La chair douce de ses lèvres qui frôle la peau de ma joue, de mon cou. Cette sensation irrésistible au toucher. Ce ressenti en tout point insatiable.
C'est bien cette insatiabilité qui m'inquiète le plus. Oui, on s'est embrassé une fois. Mais, je serais crédule de croire qu'il n'y en aura qu'une, des fois. Nos corps ne pourront pas résister à une deuxième étreinte, jusqu'à vouloir plus. Jusqu'à arriver au point de non-retour et blesser tout le monde autour de nous. Plus j'imagine tous les cas de figure possibles, plus je ne vois qu'une seule solution idéale.
« Alors Taehyung, tu as souhaité de bonnes fêtes à la famille d'Insoon de ma part ? demande ma mère, le sourire aux lèvres.
-Oui, je l'ai fait tout à l'heure, maman.
-Comme cela se passe au travail Taehyungie ? questionne mon oncle, à son tour.
-Relativement bien. Je crois que je gagne en popularité. Beaucoup de mes clients me confient prendre rendez-vous sur recommandation, je réponds, non pas peu fier.
-C'est formidable, mon fils ! ».
Mon aveu affiche un rictus étiré sur leur faciès. Ils sont tous les trois heureux de me voir réussir. Ils l'ont toujours souhaité. Quand mon père nous a quitté, ma mère et moi, mon oncle a en quelques sortes pris le relai. Durant des mois, il venait nous faire à manger quand ma douce maman errait tel un fantôme. Il m'emmenait à l'école, surveillait mes notes, me changeait les idées. Je lui dois beaucoup. Ainsi qu'à ma grand-mère.
A l'évocation de ces souvenirs, je me rappelle qu'eux aussi appréciaient mon nouveau voisin. J'imagine même qu'ils seraient contents de savoir que je le fréquente depuis quelques mois. Surtout ma mère. Elle l'aimait beaucoup et m'a consolée durant des semaines après son départ. Elle avait bien deviné ce qu'il se tramait entre nous deux.
« -Je revois Jungkook, je lâche, comme s'il s'agissait d'une déclaration de la plus haute importance.
-Jeon Jungkook ? souligne ma grand-mère.
-Oui. Par un curieux hasard, il a emménagé dans l'appartement en face du mien. »
Un court silence s'installe à table. Le bruit des couverts claquant contre les assiettes comble le vide de la pièce. Je constate que mon oncle s'attèle au découpage de son entrecôte et remarque que ma mère attend tout un tas d'explications de ma part. Ses gros yeux, accompagnés d'un froncement de sourcils me le font savoir. Cela n'a rien d'étonnant, la dernière fois que nous avons parlé de lui, je pleurais à chaudes larmes dans mon lit.
