Chapitre 55

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- Merde...

Un goût sanglant gagna les papilles de Joy alors que sa jambe droite lâchait, trop éprise par la douleur qui s'en dégageait. Elle tenta de se redresser, presque vainement, et jura une nouvelle fois.

- Unnie ! Unnie tiens-bon, s'exclama Yerim en la maintenant.

Les mains de la jeune fille se tachaient de sang, le sang de son aîné, de son aimé.
Les blessures, qu'elles avaient pourtant tenté de penser avec quelques bandes de tissu, ne semblaient pas vouloir cesser leur saignement. Elles étaient graves et profondes, ces blessures, une personne bien moins féroce de Joy n'aurait sûrement plus été en mesure de marcher, ou serait même déjà morte.

Or, malgré que la comtesse soit effectivement forte et pleine d'une adrénaline intense, son corps, lui, ne suivait plus la détermination de son esprit.
Elle se sentait perdre connaissance, et rageait intérieurement à cette idée.

Le visage de Yerim, face à elle, était de plus en plus flou.

- Reste avec moi, ne ferme pas les yeux ! Bon sang Joy, je t'en supplie ne ferme pas les yeux.

La petite brune la secouait avec une force désespéré, absolument affolé à l'idée de perdre sa petite-amie dans un moment comme celui-ci.
Elles étaient presque à l'extérieur, juste face à la porte, d'ici peu elles auraient sûrement rejoin leur trois aînés.

Joy ne pouvait pas la laisser maintenant. Elle devait tenir, se redresser, marcher à ses côtés.

Elle n'avait pas le droit de s'effondrer maintenant.

Ni maintenant, ni jamais.

- Ma Yeri...

Joy tenta de presser sur ses bras pour se redresser, mais aucun de ses muscles ne désirait obéir à ses impulsions. Le goût de fer dans sa bouche se faisait de plus en plus présent, et elle cracha malgré elle quelques gouttes de sang, sous les yeux horrifié de Yerim.

- Joy... Tu...

- Je ne meurs pas... Je ne vais pas mourir... Allons... Allons-y

Elle essaya une nouvelle fois, toujours en vain.

Maudite blessure, maudite balle qui s'était enfoncé dans sa chair. Elle tenait le coup jusque là, malgré la douleur et les hurlements de son corps, pourquoi fallait-il qu'elle tombe maintenant ?
Elle avait trop poussé sur son corps, consciente déjà depuis les coups de feu qu'elle n'irait pas bien loin. Elle avait voulu resté forte, surtout devant tout les autres, surtout devant Yerim, et désormais son corps semblait avide de le lui faire regretter.

- Je vais... Te protéger, murmura-t-elle.

Des lignés de sang perlaient depuis ses lèvres, elle le savait, elle les sentait glisser le long de son menton.

Le visage de Yerim était de plus en plus flou face à elle.

Le visage de sa Yeri, sa belle et adorable Yeri.

- Unnie... Je crois que tu devrais...

- Ne dis rien... Yeri... C'est juste un coup de moue je... Je vais me lever.

- Non, Unnie, tu ne dois pas te lever.

La plus jeune parla avec un ton sévère, mais qui tremblotait de panique.
Elle savait pertinemment, au fond, que son aîné ne se relèverait pas.

- Tu m'as déjà protégé, quand on était poursuivi par les soldats... Ces balles, c'est pour moi que tu les as prise... Tu as tué tout ces soldats pour qu'ils ne me fassent pas de mal. Et... Me protéger, tu l'as toujours si bien fait...

~ Wonderland ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant