Chapitre 41

423 69 36
                                    

Il avait beau réfléchir, reposer la question encore et encore, la tourner et la retourner sans cesse, s'en envelopper, s'y noyer, s'en étouffer, la laisser ronger chaque part de sa personne...
Rien, aucune réponse ne lui venait.

Ça lui semblait comme évident, et en même temps complètement sans intérêt. Il ne comprenait pas, vraiment pas, et se trouvait bien stupide d'agir ainsi.

Pourquoi revenait-il encore ?

Il ne l'aimait pas, il n'aimait personne. Il n'était même pas inquiet pour lui, même pas attristé à l'idée de le perdre. S'imaginer sans lui ne laissait aucun vide, aucun désespoir, ne produirait aucune larme.

Pourquoi s'entetait-il à rester près de lui ?

Il lui semblait pourtant bien stupide, ce garçon perché en haut d'un mur. Il se savait fragile et pourtant défiait la gravité. Il jouait avec la mort et, à jouer ainsi, on finissait toujours par se brûler les ailes.
Ça ne serait que justice qu'il tombe et se brise. Bien fait pour lui, il n'avait pas qu'à narguer la mort si légèrement.

Hendery était certain de penser ainsi, pour lui Kun était un être stupide, inconscient et sans intérêt.

Alors pourquoi le sauvait-il sans cesse ?

Il ne se comprenait pas lui-même, n'était-ce pas lui l'être stupide ? Un garçon aussi contradictoire ne pouvait être qu'un idiot.
D'accord, Hendery était un idiot, un parfait idiot qui passait sa vie à protéger de la mort un autre idiot qu'il n'appréciait même pas.

Enfin, l'As n'appréciait personne, et il ne haïssait personne par la même occasion.
Tout le monde paraissait sans intérêt à ses yeux, il était incapable de ressentir la moindre émotion face à un être vivant. Même pour lui-même, il ne ressentait rien.

Rien du tout, Hendery était un être vide.

- Dis-moi Kun, pourquoi est-ce-que je reste avec toi comme ça ? Demanda-t-il sans même regarder son camarade.

Ce dernier se tenait en haut d'un mur, comme à son habitude, et fixait le ciel.

- Parce-que tu m'aimes ?

La réponse de son aîné sonna étrangement aux oreilles de l'As, mais il n'en ressentit ni frisson ni chaleur. Elle passa sur lui comme une brise qu'on ne sentirait qu'à peine, et ne provoqua pas la moindre réception dans son être.

- Ce n'est pas ça, je ne t'aime pas Hyung.

- C'est très vexant ce que tu me dis là.

- Ah, mais je ne te déteste pas non plus.

Kun laissa échapper un rire joyeux en baissant ses yeux sur lui. Il lui souriait doucement, presque avec un certain attendrissement. Hendery lui présenta juste son visage sans expression, sans émotion.

-Pourquoi tu me demandes ça si soudainement ? D'habitude ça te semble logique de rester avec moi comme ça, questionna l'aîné avec un air intrigué.

- Je ne sais pas, je me sens bizarre.

- Bizarre comment ?

- Je sais pas, il y a quelque-chose de bizarre en moi.

Kun pencha la tête sur le côté, paraissant ne pas comprendre ce que son ami disait. Mais Hendery ne se comprenait pas lui-même, alors comment quelqu'un pourrait saisir ses ressentits ?

D'ailleurs, des ressentits, il n'en avait jamais d'habitude.

C'était bizarre, était-il malade ? Non, sûrement pas.
Il y avait autre-chose, une étrange chose qui hurlait en lui depuis quelque-temps.

~ Wonderland ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant