Partie II Chapitre 17: Silence glacial

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Une fois arrivés en haut, nous passâmes devant la chambre verrouillée de mon frère. Alors que j'allais directement vers la mienne, presque indifférente, la voix de Maxime me surpris:

"Tu l'as fermée... A clé?"

Il me laissait sans voix. On aurait dit qu'il me le reprochait. Une pointe de colère me submergea; comment pouvait-il me juger sur des choses qu'il n'avait pas vécu? Bien sûr, il ne savait même pas ce qu'il s'était passé... Je réussis à me maîtriser, mais lui répondis d'un ton un peu froid:

"Oui. Pourquoi?"

Il se contenta de hausser les épaules. Avait-il réellement posé cette question sans intention particulière? J'en doutais, mais j'avais assez souffert de mes problèmes pour me retourner contre mon meilleur ami. Je sentis le regard intrigué de Sarya dans mon dos, mais je me tus et ouvris la porte blanche. J'entrai la première, avant de laisser passer les deux autres et de garder la porte entrouverte. Sarya s'assit sur mon lit, tandis que Maxime se laissa tomber sur le parquet et se mît en tailleur. À mon tour, je pris place à côté de lui. Je les scrutai, pris un grande inspiration et leur racontai tout. Absolument tout. Le départ de ma mère, en passant par ses crises de folie. L'ombre étrange, puis mon frère, qui prétendait contrôler la situation. Le fait qu'il ne soit pas rentré après plusieurs heure, et que je sois sortie le chercher. Son cadavre. Ce sentiment de désespoir qui m'a envahit. Puis cet agresseur qui m'a poursuivie. Je leur ai conté toutes nos oppositions par voie téléphonique, tout ce qu'il m'a dit. La fin de ma tirade fut accueillir par un silence glaçant. Sarya était bouche bée, presque paniquée, et Maxime était pétrifié. Je brisai cette atmosphère en murmurant, la voix brisée par le chagrin:

"Voilà, vous savez tout...
- Alors ton frère... Est vraiment mort..? Risqua Sarya."

Je ne pris même pas la peine de lui répondre, qu'elle comprit que c'était la vérité. Et uniquement la vérité. Cette prise de conscience s'accompagna d'un mouvement de recul. C'était le silence de Maxime, qui me faisait le plus peur, à vrai dire. Il demeurait sans expression, comme s'il était déconnecté, dans un autre monde. Je le fixai avec insistance, puis lui dis, hésitante:

"Maxime, ça va..? Dis quelque chose!"

Il s'étira, perdit un instant son regard vert dans le vide, puis il murmura, angoissé:

"Dans quoi on s'est encore foutus...
- Vous... Vous n'êtes pas obligés de rester, fis-je remarquer.
- Tu crois sérieusement qu'on va te laisser toute seule dans cette merde? Non, je ne pense pas que cet ennemi soit un fantôme ou autre. C'est quelqu'un qui vous en veut, à toi et à ton frère. Il est juste inquiétant parce qu'on ne le voit pas."

Je ne voulus pas étaler ma peur du surnaturel. Bien que cette hypothèse sonnait faux à mes yeux, elle restait probable et me rassura. Je soupirai, avant de susurrer un petit:

"J'espère que tu as raison...
- En attendant, on pourrait peut être déjà dormir, non? Franchement, je suis incapable de digérer autant d'un coup..!"

J'étouffai un rire à sa remarque, et me levai subitement, comme revigorée:

"Sarya a raison; je vais chercher le matelas de mon frère. Heureusement qu'il a un lit à deux places..!"

Avant qu'ils ne puissent dire quoi que ce soit, je m'éclipsai dans le couleur et rabattus la porte derrière moi. Je souriais extérieurement, mais j'étais encore profondément angoissée à l'intérieur. Le stress que devaient ressentir mes amis n'était sûrement rien comparé au mien. Néanmoins, leur présence m'empêchait de tomber dans la folie... Et je ne les remercierai jamais assez pour ça. Je chantonnais doucement lorsque la porte de mon frère grinça:

"It's like forgetting the words to your favorite song... You can't believe it; you were always singing along..."*

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Notes:

[*Chanson : Eet - Regina Spektor]

Entre la vie et la mortWhere stories live. Discover now