Chapitre 12: Lien instable

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La sonnerie monotone déchirait le silence devenu pesant. Je sentais presque le sang battre a mes tempes, tant j'étais concentrée sur l'appareil, attendant avec un espoir infini une voix. Une voix humaine, extérieure a ce malheur, un soutient, enfin..! Je me forçais à respirer de temps a autre, pour ne pas m'évanouir. Je ne faisais que compter le nombre de fois où le son unique de mon portable retentissait. Déjà 3 fois. 4 fois. Mon espoir faiblissait a chaque fois que ce chiffre augmentait. Alors que la mélodie sourde qui vrillait les tympans sonna pour la 5 fois, je soupirai, effondrée intérieurement, lorsque j'entendis un "clic". Ce petit bruit eut droit a toute mon attention. Enfin, la voix tant attendue de mon meilleur ami se fit entendre:

"Allo? Claire? Qu'est ce que tu fais à 8h du matin?"

J'éclatai en sanglot à l'écoute de ses paroles, les buvant presque. Lui, de l'autre côté, me demanda:

"Claire? Ça va pas..?"

Je lui racontai alors d'une voix précipitée tous les événements des jours précédents, la voix brisée par mes pleurs. J'avais tellement peur que la ligne soit coupée, tellement peur qu'il ne me croit pas et raccroche aussitôt. Il était mon dernier espoir, et le stresse montait, a mesure que je me l'imaginais me tourner le dos. Un nouveau coup de tonnerre retentit, et je risquai un regard par la fenêtre pleine de buée. Je m'approchai lentement pour découvrir une grossière écriture en lettres capitales:

"The hunter"

Le chasseur... Je soupirai, pleurant de nouveau en dictant a Maxime des phrases sans fin, des phrases désespérées, des phrases sans aucun sens. J'étais prise telle la souris cachée au fond d'un trou, sachant que le chat l'attend au dehors. Lorsque j'eus terminé mon incroyable récit, mon cœur, délivré du secret muet, palpitait dans ma poitrine. J'achevai enfin ma longue tirade en murmurant ces mots:

"Raccroche pas, Maxime, s'il te plaît, dis quelque chose..!"

J'entendis mon ami de racler la gorge, comme s'il avait du mal à enregistrer tout ce que je venais de lui dire. Un silence passa ainsi, sans qu'il ne raccroche, et sans non plus qu'il ne me réponde. Dehors, l'écriture funeste inscrite sur la vitre s'effaçait doucement, assiégée par la buée nouvellement formée. Mon attention était retenue par les gouttes de pluie qui glissaient sur la fenêtre, lorsque ma bouche prononça désespérément:

"Si tu ne réponds pas, il vaudrait mieux que tu raccroche, tu sais...
-Attends 5 minutes, j'ai un peu de mal a te suivre, là, j'essaye de récapituler... Ta mère est internée a Paris, ton frère est mort il y a quelques heures, et tu as faillit te faire tuer par un... "Chasseur"? C'est bien ça?
-Oui. Susurrai-je dans un souffle"

Il ne me croyait pas. De la même manière que Sarya ne me croira pas, et que je ne me crois pas moi même. C'était une histoire de fou. Une histoire telle qu'on en trouvait dans mes vieux livres poussiéreux..! Peut être que j'était comme ma mère, finalement, bonne pour l'asile. Je soupirai et me dirigeai vers une chaise de la cuisine. Je me laissai tomber sur le bois, fermant les yeux et écoutant la respiration tranquille de Maxime, à l'appareil. Il réagit enfin, d'une voix blanche, mais il répondit:

"Ok, ça marche, et qu'est ce que je peux faire..?
-Si tu pouvais essayer de prévenir la police de ma région, passer un coup de fil à Sarya et me rappeler -si il y a encore du réseau...- après, ce serait super sympa. Lui dis-je, l'air grave.
-Pas de soucis, pourtant, ici il n'y a pas de tempêt-..." Miiip

La sonnerie me vrilla les oreilles. La ligne avait été coupée, me laissant de nouveau seule dans l'ouragan qui se préparait.

Entre la vie et la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant