Chapitre 7: Repérage risqué

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Gaël se leva d'un bond, l'ayant remarqué en même temps que moi. Mes mains se portèrent machinalement sur mon visage devant mon effroi; cette fois, je l'avais bien vue. La réaction de mon frère me glaça le sang et je pris enfin pleinement conscience de la situation. Je me levai à mon tour et reculai de quelques pas, ne voulant pourtant pas y croire. Les dents de mon frère grincèrent lorsqu'il susurra nerveusement:

"Putain, c'était quoi ça?
-J-.. J'en sais rien, je l'ai déjà vue quand maman a faillit me... Enfin... Mais je croyais que j'avais rêvé..!
-Tu n'as pas à t'en vouloir, sœurette, voulut-il me rassurer, mais ça ne me dit rien qui vaille..."

Il garda son regard rivé sur la grande fenêtre à côté de la porte, pensif. Je n'osais pas parler, encore sous le choc de la découverte; alors quelqu'un tournait sans cesse autour de notre maison? Que nous voulait-il? Je me pris à frissonner quand mon frère me rappela à la réalité d'une voix sombre:

"File dans ta chambre, Claire, je dois réfléchir. On ne peut pas laisser cet individu roder sans connaître ses intentions.
-Mais... Protestai-je vainement.
-C'est un ordre, ne m'oblige pas à t'y trainer comme quand tu étais gamine, s'il te plaît."

Je pris une mine déconfite, avant de poser un pied sur la première marche du fameux escalier. Je laissai passer un temps ainsi, ne sachant plus que penser de tout ce qui m'arrivait, avant de mettre mon frère en garde gentiment:

"Dis le moi quand même, quand tu auras pris ta décision, je ne veux pas que tu te lances seul dans des risques non calculés..!
-Est ce que tu m'as déjà vu foncer sans réfléchir, sœurette?
-On ne sait jamais, et puis, t'es pas le mieux placé pour parler quand on sait que tu faisais sans cesse le mur au collège, "frérot"..!"

Je lui souris, il me répondit par un rictus amusé. Parfois, je me demandais comment est ce que je tiendrais sans mon frère et notre complicité..! C'est avec un courage tout neuf que je montais donc dans ma chambre, déterminée à m'en sortir. J'avais laissé la porte entrouverte inconsciemment, même si au fond, je voulais garder un contact direct avec Gaël pour empêcher une nouvelle catastrophe.
L'après-midi passa, silencieuse et ennuyeuse, sans que je ne puisse m'intéresser à une quelconque activité. La pendule sonna enfin 18h. 18h, seulement. J'entendis la porte de la chambre de mon frère claquer, accompagnée d'un grognement frustré. Je sortis de la mienne pour coller mon oreille contre cette dernière. Je soufflai, inquiète, lorsque j'entendis de nouveau ces bruits de lames de ciseaux s'entrechoquant.
La nuit se passa dans l'angoisse du couloir sombre que je ne pouvais quitter par manque de volonté. Le tonnerre ébranlait toujours notre demeure, et la luminosité soudaine me faisait sursauter à chaque fois. Après un long combat contre mon désespoir, mes dernières forces me quittèrent enfin et je pus plonger dans un sommeil agité...

~
"Tu n'es pas obligé, n'y va pas, frérot! Hurlai-je désespérément"

Mon frère, étonné de m'avoir trouvée endormie devant sa chambre, m'avait réveillée avec un calme inhabituel. Il était 8h du matin et je ne comprenais toujours pas le raisonnement qu'il m'avait expliqué il y avait une heure de cela.

"Écoute, Claire, il faut bien aller voir ce qu'est cette silhouette..! C'est un risque, certes, mais calculé!
-Calculé?! Tu es tombé sur la tête avant, alors! Je ne veux pas te perdre, frérot, surtout pas après maman...
-Qui parle de mourir? Je veux dialoguer avec cet inconnu, je serais de retour avant ce soir, même ce midi, peut être!"

Il voulait sortir sous cette pluie torrentielle. Il voulait affronter une inquiétante silhouette. Il voulait risquer sa vie pour notre "sécurité", mais s'il me laissait, je serais seule sans défense. Moi, je ne voulais pas qu'il s'éloigne. Mon courage ne renaît qu'en sa présence, je ne peux pas tenir sans lui..! J'émis un soupir et capitulai enfin, à contre-cœur:

"T'as intérêt à ne pas t'attarder"

Il hocha doucement la tête et me fit un grand sourire assuré. Non. Il fallait que je le retienne. Ma conscience me hurlait de le ramener lorsqu'il traversa le seuil, mais la porte se referma trop vite. Parfois, je regrettais une autorité et une audace que je n'avais jamais eu. Dépité, je me laissai tomber sur le canapé et attrapai un châle qui traînait par là. Ça n'allait pas vraiment avec ma tenue, mais il me réchauffait. Je perdis toute notion de temps, mais la panique grandissait en mon for intérieur au fil des minutes qui défilaient.

Entre la vie et la mortWhere stories live. Discover now