Chapitre 3 : Sauvageries incompréhensibles

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Je la regardais, encore sous le choc, et n'osant pas me relever. Je restais là, étalée en plein milieu de l'escalier, le souffle court. Mes yeux avaient bel et bien vu ce qui s'était passé mais ma mémoire ne voulait pas l'enregistrer, me laissant dans un état d'intense confusion.

Le monstre qui avait pris possession de ma mère décrocha d'un geste vif. Aucun son ne sortit de sa bouche, pas même son habituel "Allo?" Suraigüe. Elle écoutait quelqu'un parler, quelqu'un qui m'était inconnu, quelqu'un qu'elle connaissait apparemment. Je fus prise d'un mauvais pré-sentiment et m'assis tout de même sur la dernière marche. Je vis la bête sauvage qui m'avait attaquée redevenir la tendre femme qu'était ma mère. Le combiné toujours entre ses mains, elle blêmit. Elle était si blanche qu'on aurait pût voir à travers sa peau. Sa main trembla un peu, et le téléphone tomba, s'était brusquement échappé pour se fracasser en un bruit sourd sur le parquet clair. Ma mère resta figée, le regard dans le vague, jusqu'à ce que j'intervienne, la voix étranglée:

"Ma-maman, qu'est ce qui s'est passé? C'était qui au téléphone?

-Retourne dans ta chambre, et ferme la porte à clé, Claire.

-Mais-... Protestai-je.

-Tu dois y rester jusqu'à l'heure du dîner, tu m'entends? Dépêche toi, c'est un ordre, vas y maintenant! Pressa ma mère."

Je n'eus pas le temps de lui parler davantage, que déjà l'animal féroce qui demeurait en elle refaisait surface. Je reculai d'un pas avant de courir pour remonter dans ma chambre. Ceci fait, je fermai rapidement le verrou et jetai la clé à l'autre bout de la pièce d'un geste précipité. J'entendis ma mère gratter violemment ma porte et je m'assis sur mon lit, craignant que la cloison ne se brise.

Heureusement, les grattements cessèrent quelques minutes plus tard. J'émis un léger soupir de soulagement avant de m'allonger sur mon lit, vidée. Je me recroquevillai en tremblant, repassant en boucle la scène dans ma tête. La pluie continuais de tomber indifféremment et dégoulinait sur mes carreaux. Le tonnerre gronda de nouveau, un éclair illumina ma chambre d'un flash furtif. Je frissonnai, songeant les yeux fermé.

Entre la vie et la mortWhere stories live. Discover now