Entre la vie et la mort

Partie II Chapitre 15: Invités surprise

Un musique légère se fit soudain entendre, étrangement apaisante. Je déverrouillai subitement l'écran de mon portable pour voir le numéro s'afficher. C'était celui de Maxime. Mon doigt glissa lorsque ma respiration s'accélérait; j'espérais en silence de ne pas avoir manqué cet appel, que j'avais si longtemps attendu. Il réussissait toujours à m'appeler après un acte du tueur... Était-ce une coïncidence? Qui devait-je croire, en ces temps fous? Ma réflexion se perdit dans le fracas de la tempête, lorsque je m'entendis bafouiller:

"A-Allo? Maxime? Dis moi que c'est toi..!"

Silence. Pourtant, un son semblable à celui d'un pneu qui dérape n'échappa pas à mon oreille. J'entendis une voix lointaine lui crier de faire attention.

"Sarya? Appelai-je doucement, comme pour ne pas couvrir le son de sa voix.
"Passe moi ton portable et concentre toi sur la route!" Continua-t-elle.

Si je n'étais pas si anxieuse, j'aurais sûrement éclaté de rire; Sarya n'avait pas changé. Cela faisait pourtant presque quatre mois que nous avions déménagé, et j'avoue avoir eus un peu peur de ne pas retrouver la complicité que je partageait avec elle. Mon amie soupira, très certainement affligée par le comportement de Maxime.

"Claire? Tu es toujours là?
-Oui, oui...
-Désolée, tu sais comment il est, parfois..!"

J'étouffai un rire nerveux. Oui, je le savais bien. Je resserrai ma peluche blanche contre ma poitrine, ne préférant pas parler dans l'immédiat pour ne pas couper la parole à Sarya.

"Trêve de plaisanterie, Claire, c'est vrai tout ce que tu as dit à Max'?
-Je n'ai pas eu le temps de lui en dire beaucoup, mais oui... Au fait, vous êtes où, là?
-C'est fou..! Ah, oui, c'est vrai que Max' t'appelais pour ça, à la base. On arrive chez toi! On est un petit peu perdus, avec le déluge imprévu... Mais oui, on est sur la route."

Chez moi?! Je sursautai tellement la nouvelle me pris au dépourvu. J'étais dans un sale état; mal habillée, mal coiffée... Mal nourrie. Ils ne pouvaient pas, ils ne pouvaient pas..! Mais le pire me vint à l'esprit, dépassa même mes pensées:

"Chez moi?! Sarya, vous n'êtes pas sérieux? Pense au tueur..!
-Oh, on se fera discret pour entrer à l'intérieur! Après tout, tu es toujours en vie, non? Et tu es restée dans la maison."

Elle dit ça tellement simplement que j'en fut surprise, puis je me souvins qu'elle ne savais peut être pas pour la mort de mon frère. Je restais à genou, laissant mes pieds nus derrière moi. Je sentais des formations de courbatures dans mes muscles, signe de ma mauvaise position, mais j'aimais sentir le bois du parquet sur le dessus de mes orteils. C'était fou comme je n'en faisais qu'à ma tête, parfois. Je me demandais si je pouvais être à la fois peureuse et obstinée, lorsque la voix de Sarya résonnant dans mon oreille droite me ramena à l'instant présent:

"T'inquiète pas, on fera attention... Je n'ai pas envie de finir comme ton frère, et je pense pas que tu le veuilles plus que moi.
-Ça, c'est clair... Marmonnai-je en me retenant de sangloter.
-Allez, je vois de la lumière à travers la vitre, je te demanderai juste de déverrouiller ta porte d'entrée le plus vite possible. On discutera chez toi..!
-Ouais, j'y cours, à toute!"

Je l'entendis raccrocher suite à une série de bruits de freins. Ils fallait que je fasse vite pour qu'ils ne se retrouvent pas dehors trop longtemps. Je me levai, rangeai toutes les peluches dans le panier, et cachai la renarde blanche sous mon lit en vitesse. J'étais encore toute retournée par cette nouvelle, mais c'était également la meilleure chose que l'on pouvait m'apporter; du soutien. Enfin. Je soupirai bruyamment avant de descendre l'escalier en trombes, en chantonnant joyeusement. Malgré mon air euphorique, j'espérais de tout mon cœur avec gravité qu'ils ne mourraient pas. Ils ne pouvaient pas mourir après mon frère. Je tournai la clé dans la serrure et attendis assise le long du mur le plus proche.

"Il ne les tuera pas." Me persuadai-je.