Partie II Chapitre 19 : Buée sanglante

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Mes yeux s'ouvrirent doucement, tandis que je prenais de nouveau conscience de ce qui m'entourait. Peu à peu, le décor de ma vie me fit face, silencieux et immobile. Les murs étaient toujours aussi blancs, presque délavés. Le parquet crissait toujours lorsqu'on appuyait dessus. La fenêtre était toujours embuée, et malmenée par la pluie. Je pouvais même fermer les yeux; on l'entendait même se fracasser avec une violence inouïe sur le toit. Le vent secouait la maison, rugissait comme s'il était dans une colère noire ou dans un état de détresse. Ou peut être bien les deux à la fois. Il était comme moi; je ne savais pas mettre de mots précis sur ce que je ressentais, tout était mélangé, emmêlé, incompréhensible. J'émis un soupir sonore, en manque de détermination. Il fallait dire que mes journées n'avaient rien d'enviable en ce moment... Et, plus j'avançais, moins j'avais envie de connaître la fin de l'histoire. Je la repoussais loin, très loin, la donnais à d'autres s'ils en avaient l'envie, mais je voulais reprendre ma vie d'avant. Je finis par me lever du matelas, comme revigorée, mais toujours perdue dans des pensées obscures. L'obscurité grandissante devenait déprimante, en ce début de journée gris. Je m'étirai longuement avant de remarquer que Sarya n'était plus là. Une angoisse m'envahit subitement, mais je la repousai, déterminée à ne plus vivre dans la peur. Je soupirai pour calmer ma respiration, qui avait acceléré sous le poids du stress. Elle était sûrement déjà réveillée, et était descendue, en pleine forme. Maxime, quant à lui, ronflait, encore profondément endormi. Je retins un rire lorsque je m'aperçus qu'il était roulé en boule, ses bras entourant la couverture. Je repris bien vite mon sérieux, et piocha discrètement dans mon armoire coulissante. Je choisis un jean foncé, et un t-shirt noir, préférant rester simplement vêtue. Il fallait dire que je n'étais pas très originale, autant en matière de vêtements qu'au niveau de mon caractère... Malgré une imagination débordante, j'étais seulement la fille que personne ne rêverait d'être. Y compris moi-même. Je me disais juste que mes qualités étaient ailleurs. Je l'espérais, tout du moins. Sur cette réflexion, je m'enfermai dans la chambre de ma mère pour m'habiller en vitesse. L'endroit paraissait sinistre, et, craintive, je pris mes jambes à mon cou dès que j'eus terminé de me préparer. 

La porte se referma derrière moi dans un grincement, ce qui me valut un léger sursaut. Je me retournai, sur le vif, avant de continuer ma marche le long du couloir du premier étage. Arrivée juste devant la chambre de mon frère, fermée à clé, j'eus un léger frisson. Les escaliers étaient à ma droite, et, pourtant, je demeurais immobile, les yeux tristement rivés vers la poignée de la porte. Rien ne serait plus comme avant, sans Gaël. Je le savais, et cela me tuait à petit feu, mais je refusais d'en mourir avant d'avoir découvert qui était l'assassin de mon frère. Peut être même voulait-il me piéger moi aussi? Si tel était le cas, alors je doutais que trois pauvres adolescents puissent l'arrêter à temps... Mais, dommage pour lui, car je croyais aux miracles. 

—-

Les marches crissèrent sous mes pieds nus, et ce, même si j'essayais de faire le moins de bruit possible. Une fois les escaliers derrière moi, j'entendis un léger frottement suivit d'un joyeux et énergique:

" Hey! Bien dormi?"

Je tournai ma tête vers le salon, et découvris Sarya, tout sourire, qui me dévisageait depuis le canapé. Elle avait enfilé mon châle, sûrement parce qu'elle avait trop froid. Il était vrai que cette pluie glaciale était accompagnée d'une baisse notable des températures extérieures. Même avec le chauffage, l'isolation devait laisser à désirer pour qu'il gèle autant dans cette maison... Je mis un petit temps, avant de hocher la tête pour répondre à la question de Sarya. J'étais abassourdie par la familiarité de cette conversation, c'était comme un refuge après tous ces événements presque surnaturels. Je restai ainsi, debout, quelques minutes durant à scruter mon amie comme si elle avait dit quelque chose d'étrange. Elle haussa un sourcil, me faisant réaliser que je n'avais toujours pas parlé. Je déglutis, puis lui demandai, étonnée de mon propre enthousiasme:

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⏰ Dernière mise à jour : May 10, 2015 ⏰

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