Chapitre 11: Messages en suspense

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Une immense banderole rouge s'étendait au dessus du lit de mon frère. Je pus percevoir une écriture blanche, que je ne voyais pas bien avec la distance. Ma gorge se serra en songeant à un nouveau malheur lorsque j'avançais pour pouvoir la lire. J'allais poser mon pied sur le parquet cendré lorsqu'il buta contre quelque chose. Mon regard se porta sur le sol et je sentis les larmes me monter aux yeux. De multiples bouts de tissus jonchaient les lattes grises, et sur chacune d'elle était marqué un petit mot. Le premier que je vis fut "je t'aime sœurette", et , à mesure que je progressais à travers la pièce, des phrases se formèrent joliment:

"Je t'aime sœurette,
N'abandonne surtout pas je t'en prie.
Si tu es là, c'est que je ne suis plus ici
J'ai rejoins d'autres cieux mais
Je veillerai toujours sur toi.
Je sais qu'il m'aura sûrement;
C'est un risque.
Un risque calculé pour te protéger.
Calculé avec mon cœur et non
Avec ma raison.
Donne lui un sens, sœurette,
Donne un sens à ce sacrifice.
Vis pour moi, vis en ma mémoire."

Cinq paires de ciseaux étaient disposés aux quatre coins de la chambre. Alors c'était ça. Il avait tout prévu. Tout prévu, oui, même ma réaction car je lus un peu plus loin, sur une affiche rosée:

"Ne pleure pas,
Lorsque tu liras ce message.
Soit forte, reste debout pour moi.
Si tu t'écroules, tout serait finit.
Toute ta jolie vie partirait en fumée.
Tu n'es pas encore assez grande pour te rendre compte
Du déchirement que procure
Cette terrible décision."

Ne pas verser de larmes, rester forte, toujours garder espoir... Ces mots me touchèrent de plein fouet. Je m'assis sur le lit, à bout de forces. Je n'arrivais pas à réfléchir, et pourtant, je sentis mon cœur se dégeler au contact de sa délicate écriture. Oui, je ressentais de nouveau ce qu'il se passait autour de moi. Grâce a lui... Grâce à Gaël, je retrouvais la vie que j'avais laissé il y avait au moins une semaine, si ce n'était plus. Je souris lorsque je me rendis compte que j'avais froid, mes doigts étaient gelés. C'était idiot de ma part, j'aurais dut grelotter et courir me réchauffer contre le premier radiateur. Mais je n'étais plus la même et je restai ainsi, frigorifiée et pourtant tellement heureuse de ressentir la brise piquante qui passait sous les fenêtres. Je susurrai alors, émue par toute cette mise en scène:

"Frérot... Je me montrerai digne de ta mort, et braverai l'oubli, je te le promet... Un jour nous-..."

Des larmes amères coulèrent, m'empêchant de continuer. Mon cœur se nouait a mesure qu'il reprenait vie. Et ce sourire pourtant toujours gravé sur mes lèvres, cet éternel sourire que j'avais fini par délaisser. Mes lèvres gercées s'étendaient doucement, mais un énième coup de tonnerre brisa cette atmosphère magique. Je me levai subitement, comme réveillée. Il fallait en finir avec cette épreuve; trop de précieuses vies étaient en danger. Mon esprit me souffla deux numéros de téléphone, numéros que je reconnus immédiatement. Ceux de mes meilleurs amis, et un troisième vint; celui de la police. Je me retournai pour jeter un coup d'œil attendrit sur l'immense bannière écarlate et lus:

"Courage, sœurette, tu réussiras à apaiser la tempête"

~~~
Je descendis les escaliers en trombe, en sentant des ailes me pousser dans le dos. J'imaginais Maman revenir, la pluie s'arrêter un instant. Le soleil reviendrait, et je n'aurais plus à trembler en entendant le tonnerre. J'attrapai mon portable posé sur la table du salon et composai directement le numéro de la police.

"Faites qu'ils répondent..."

Malheureusement, les échecs se succédèrent et je sentis ma belle motivation retomber brutalement. Les lignes avaient dut être coupées, le contact avec l'extérieur devenait alors impossible. Je sentais le désespoir me prendre a la gorge lorsque j'imaginais ce fou furieux couper les lignes avec sang froid. Non, j'arriverai à trouver de l'aide. Je pris une grande inspiration avant d'essayer celui de ma meilleure amie; Sarya. Première tentative. Je tombai sur un répondeur après trois pauvres sonneries monotones:

"Le réseau n'est pas favorable à cet appel. Veuillez réessayer plus tard."

Mes mains se refermèrent sur l'appareil et les larmes coulèrent de nouveau de rage. Je pestai alors, hors de moi, et traitai le monde entier de tous les noms possibles et imaginable pour cacher ma détresse. Alors que j'allais jeter mon portable sur le sol, ma conscience retint ma main. Il me restait un numéro à composer. Je cherchai mon meilleur ami dans mes contact et appuyai sur son prénom "Maxime". Ma main se crispa sur l'appareil en entendant le premier "bip", interminable.

Entre la vie et la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant