Chapitre 24

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Point de vue Soukeyna

Deux semaines étaient passées depuis ma fausse couche. Une fausse couche, peu importe le nombre de semaines ou de mois, c'est un deuil qui est très difficile à surpasser. Même si Mouhamed est là, je pleure chaque nuit depuis cette nuit. Tout le monde me dit que je suis jeune et que je pourrai en voir d'autres, je me le dis à moi-même aussi mais à l'intérieur de moi je sais que jamais je n'oublierai ce bébé. Mon bébé. Mon premier.

Parfois je reste là à regarder Momo et je ressens aussi son mal. Il ne faut pas croire qu'une fausse couche affecte juste la mère, même s'il ne ressent pas de la même façon que moi je sais qu'il a mal aussi. Mais nous avons Allah et je sais qu'on traversa cela même si on n'oubliera jamais notre bébé.

Fatima m'a annoncée qu'elle était enceinte et honnêtement je suis super contente pour elle. J'ai quand même eu un petit pincement au cœur mais je me suis juste dit que c'est la décision de notre Créateur. C'est Lui qui donne et c'est Lui qui reprend.

J'ai eu la visite de presque tout le monde ces derniers jours. En même temps je ne connais pas beaucoup de personnes. J'ai toujours été une personne qui reste dans son coin. Je ne suis pas timide ou réservée c'est juste que j'aimais bien être seule du coup je n'ai pas eu beaucoup d'amis dans ma vie. J'ai eu Enzo et Mary au téléphone aussi, ma copine de l'Angleterre. On ne se parle pas souvent mais dès qu'on le fait c'est comme si on venait de se quitter. Mes parents viennent tous les jours aussi même si je calcule à peine ma mère. Je n'ai pas aimé la façon dont il a parlé de Mouhamed devant moi et surtout devant sa mère. Quel être humain fait ça ? Elle devrait me soutenir, soutenir mon ménage mais ses vielles habitudes reviennent à chaque fois. Elle ne supporte pas mon mari et tant que ça ne changera pas, notre relation ne s'améliorera pas.

Je me prépare à aller au travail. J'ai repris une semaine après et je dois avouer que ça me manquait. Les déjeuners avec Sophia et Amdy et Momo parfois, j'avais hâte de reprendre ma vie.

- « Est-ce qu'on peut prendre ma voiture babe ? » je demande à Momo lorsque je le vois sortir du dressing déjà habillé

Après la prière de Fajr, il part courir jusqu'à 7 heures et il arrive quand même à être prêt avant moi.

- « Si tu veux » il répond avec un sourire

- « Je conduis alors » dis-je déjà excitée à l'idée de conduire ma Mercedes

- «Pas si vite. On peut faire un tour à l'heure de pause mais conduire Mbao ba Yoff mome dou meune nekk, n'y pense même pas »

- « Tu me sous-estimes mais je conduis mieux que toi. Vous croyez trop que les femmes ne savent pas conduire »

- « Va t'habiller » fait-il en venant me faire un bref baiser

Le médecin nous a recommandés d'attendre au moins un mois pour mon cas avant d'avoir à nouveau des rapports sexuels et je peux vous affirmer que c'est insoutenable. Pour moi en tout cas. Parce que monsieur mon mari prend le truc trop au sérieux. Il ne veut même pas m'approcher. Il me fait des bisous, des câlins et tout mais dès qu'il sent que je commence à vouloir plus, il se détache avec un sourire moqueur. Mais yallah bakhna, quand le temps viendra, ma revanche sera bien hot.

On arrive au bureau et j'attaque directement le dossier que j'étudiais avant que je ne finisse à la clinique. C'était un dossier avec un promoteur événementiel ivoirien qui travaillait sur un défilé de mode et voulait qu'on présente nos tenues. Je ne l'ai pas encore présenté à Mouhamed. Pour l'instant c'est juste une proposition que je suis entrain d'étudier.

J'ai travaillé pendant au moins deux heures, jusqu'à ce que mon téléphone se met à sonner. La première fois je n'ai pas répondu parce que j'étais concentrée mais la personne insistait et j'ai fini par décrocher.

Mouhamed et Soukeyna Où les histoires vivent. Découvrez maintenant