L'amour fou

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DÉCEMBRE 2017


Les vacances ne se déroulent pas si mal, Camille a récupéré son portable après trois jours de silence insoutenable, nous sommes allés à la patinoire tous les deux, avons mangé des churros quelques jours plus tard pendant qu'Anaïs la couvrait auprès de ses parents pour qu'ils ne se doutent de rien. Sacrée pote.

Hier, j'ai proposé à ma nouvelle petite amie d'aller au cinéma mais, pour éviter les soupçons, elle a gentiment refusé. Au lieu de ça, nous avons passé la soirée au téléphone, à rigoler et se raconter des tas de choses sur l'un et l'autre. Nous sommes proches, presque complices et ça me fait du bien. Avant de raccrocher, elle m'a annoncé avoir convaincu ses parents de passer la soirée du nouvel an avec nous. Je ne sais pas si elle a mentionné mon prénom mais, peu importe, elle ne pouvait pas me rendre plus heureux.

- Allô ? soufflé-je en décrochant l'appel de Max.

- Gros, j'ai rien à me mettre pour ce soir. Je peux passer ?

- Et qu'est-ce que ça changera ?

- T'as rien à me filer ?

- J'en sais rien, je viens de me réveiller là, baillé-je.

Un ange passe, je fronce les sourcils pendant que ma main se balade dans mes cheveux décoiffés.

- Max ?

- Je vérifiais l'heure... Julian, il est presque quinze heure, t'es sérieux ?

- Bah... on restera sûrement éveillé tard ce soir, faut bien que je ne fatigue pas trop vite.

- On doit être chez Camille pour dix-huit heure, magne-toi. J'arrive.

Il a raccroché ce saligaud.

Bien obligé à me préparer, je me lève sans grande conviction, aère ma chambre malgré le froid qui s'y invite et déjeune dans le salon devant un nouvel épisode de ma série préférée. Un nouveau message me revient, tout sourire, je réponds immédiatement.

Camille : Hâte de te voir, tu me manques.

Julian : Malgré notre appel d'une heure trente, hier soir ?

Camille : Pire que ça. J'aurais pu t'écouter toute la nuit.

Julian : Intéressant...

Une fois mon déjeuner fini, je nettoie ma vaisselle, range le salon qui est dans un état lamentable puis file me doucher. Malgré le froid, quelques rayons de soleil traversent les nuages, ils sont sûrement de passage mais suffisent à nous mettre de bonne humeur, cette journée s'annonce bonne.

À peine sorti de la douche, j'entends Maxence frapper à la porte, pour les quelques fois qu'il soit déjà venu, ce n'est pas la première fois qu'il se faufile entre mes voisins pour ne pas devoir sonner à l'interphone d'en bas. Je me dépêche d'enfiler une serviette autour de ma taille pour aller lui ouvrir, mon ami est en training, les joues en feu.

- Ça va ? demandé-je suspicieusement.

- Ouais, ouais. J'étais chez un pote.

Menteur.

- Entre.

Je me décale, laisse passer mon ami puis me dirige vers ma chambre pour me changer. Sans réfléchir, je sors une chemise bleu ciel de ma garde-robe ainsi qu'un pantalon beige style chino. Pour accompagner le tout, je lace mes baskets blanches puis rejoins mon ami dans le salon, les cheveux encore mouillés.

- Besoin d'un conseil. Je laisse mes cheveux naturels ou je les plaque en arrière ?

- Naturels. Cam' adore ça.

- Elle te l'a dit ? m'étonné-je.

- Entre autre, sourit malicieusement mon ami.

Je préfère ne pas poser plus de question même si tout cela me semble très intéressant.

- Je suis prêt. Regarde dans mon armoire, prends ce qu'il te plaît, lui confié-je en m'asseyant sur mon canapé.


***


À dix-huit heure pétante, nous sommes devant chez Camille. Maxence s'est habillé encore plus classe que moi, il m'a volé une chemise blanche ainsi qu'un pantalon noir, classique, dans lequel il a rentré le haut. Chance que nous sommes plus ou moins les mêmes.

- Salut les gars, s'écrie Anaïs en nous ouvrant la porte, détaillant mon ami de haut en bas.

- Salut, parlons-nous en chœur.

La première chose que je fais en entrant est de chercher Camille du regard, la maison est impeccablement rangée, une odeur délicieuse enivre mes narines, un énorme sapin trône au milieu du couloir mais pas de petite blonde à l'horizon. Si l'on m'avait dit que je passerais les fêtes de fin d'année avec Camille, chez elle, dans son petit cocon et, en plus de ça, que nous formerions un vrai petit couple, je n'y aurais jamais cru.

Le fait d'être chez elle me fait penser à ce jour, cet accueil si chaleureux de la part de sa mère et le fait qu'elle m'ait presque mis à la porte. J'ai un peu peur de la croiser à nouveau, sachant à propos de sa maladie, j'ai presque de la peine pour elle, même si ça ne devrait pas être une excuse pour traiter les gens de cette façon. À cause d'elle, j'ai l'impression de ne jamais avoir posé un pied dans cette maison, les pièces me sont inconnues mises à part le couloir et la chambre de Camille, ce qui est déjà pas mal. D'ailleurs, de mon plein gré, je décide de monter les escaliers pour partir à la recherche de cette dernière, curieux.

Peut-être un peu trop.

Lorsque je dissimule, au loin, plusieurs voix, je m'arrête dans ma lancée, ne voulant pas écouter aux portes. Mais c'est trop tard, celle-ci s'ouvre sur la mère de Camille, son père et ma blonde préférée, tous les trois surpris de me voir là.

- Bonjour, déclaré-je prudemment.

J'ai l'air calme mais je sue, je vous assure.

- Tu dois être Julian, parle gravement l'homme aux cheveux grisonnant, d'une voix étonnamment calme.

- En effet. Enchanté Monsieur Latour, tenté-je en lui tendant la main.

Il n'hésite pas, me la serre tout aussi calmement puis me sourit de côté. Cependant, je me sens tout de même mal à l'aise, j'ai l'impression de suffoquer tellement il fait chaud et le regard de Madame Latour n'arrange rien, je suis un problème à ses yeux et je compte bien le rester.

- André, on y va ! intervient la grande dame près de sa fille avant de me contourner pour descendre au rez-de-chaussée.

Il obéit et je trouve qu'avec lui, ça s'est plutôt bien passé. Nous ne sommes pas devenus copains mais il ne m'ignore pas comme sa femme.

Je me retrouve en tête-à-tête avec Camille, celle-ci me sourit tristement tout en avançant pour venir se réfugier dans mes bras, câlin que j'accepte évidemment avec plaisir.

- Tout va bien ?

- M'oui... souffle la blonde. Ils me faisaient la morale quand ils ont appris que tu venais. Ana n'a pas su tenir sa langue.

- Pourquoi est-ce qu'ils ont tant de mal à m'accepter ?

- Je n'en sais rien... Ma mère a un caractère de merde. Mon père, lui, je suis sûre que ça ira, avec le temps. Je suis sa fille alors je pense que tous les pères réagiraient de cette façon...

- Très juste. Mais il n'a pas à s'en faire, je prendrai soin de sa fille, lui souris-je en caressant sa joue. Viens, on va s'amuser.

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