Tout va pour le mieux...

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MARS 2018


- Comment va Camille ?

- Ça va. Les examens se sont bien passés, elle a commencé la chimio il y a quelques jours et franchement... ça se passe bien.

- Max me demande souvent comment toi, tu vas. Il s'inquiète, tu sais.

- Ouais, seulement... je pense qu'il devrait plus s'inquiéter pour son amie que pour moi.

- Il tient à votre amitié, souffle Jules en se coiffant les cheveux. Il s'en veut.

- J'espère bien qu'il s'en veut putain, j'ai encore mal au nez.

Le blond rit tout en m'observant de près.

- C'est vrai que le bleu ne part pas... j'espère qu'il n'est pas cassé.

- Ta gueule.

- Allez Julian... Ça fait plus d'un mois, tu devrais lui pardonner maintenant.

- J'ai d'autres choses en tête que cet abruti, crois-moi. En fait, c'est à peine si j'y pense encore, je crois que je ne lui en veux même plus, c'est juste que... je m'en fiche. Ma copine fait de la chimio, il n'y a qu'elle qui compte en ce moment.

- C'est égoïste ce que tu dis... grimace mon ami.

- Peut-être, ouais.

Un haussement d'épaules plus tard, je bois le fond de ma bière, les yeux rivés sur un Jules totalement désespéré.

- Alors, tu comptes revenir au lycée ?

- Pas tant que Camille aura besoin de moi.

- Ses parents ne s'occupent pas d'elle ?

- JE veux m'occuper d'elle et ELLE souhaite que ce soit moi qui l'aide à passer ce cap.

Jules lève les mains avec un air innocent, se tait puis décapsule une énième bouteille.

- Si tu ne te réconcilies pas avec Max... qui te transfère les cours ? Ne me dis pas que...

Je souris, ne dis rien pendant quelques secondes avant de lever les yeux au ciel.

- Ouais, Pauline m'envoie tout par mail. C'est tout, je ne vois pas le mal.

- Camille le sait ?

- Camille n'a pas à le savoir. Pauline est une camarade de classe, d'accord ?

- Une camarade que tu as failli emb-

- Ferme-la, Jules, ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Je ne compte rien demander à Max. Et tu n'as pas intérêt à mettre Cam' au courant.

- C'est vraiment la merde, soupire-t-il. Ce groupe se dissout et vous en avez rien à faire, c'est dingue.

- Se dissout ? Vous étiez très bien sans moi, il me semble, comment est-ce que mon absence peut autant vous affecter ?

- Il n'y a pas que la tienne. Camille, on ne la voit plus, on ne l'entend plus... Même Ana ne nous adresse plus la parole.

- Ana ? Pourquoi ? demandé-je les sourcils froncés.

- Dispute entre elle et Max...

Jules détourne les yeux, les joues en feu. Il me cache quelque chose.

- S'ils se disputent, c'est que tout va bien, non ?

- Non, je... Max a essayé de nous présenter une fille et Anaïs s'est énervée... Pour de vrai.

- Elle boude, quoi. Ça lui passera, comme d'habitude, je ricane. C'est qui cette fille ?

- Sa nouvelle petite copine.

Oh. Petite copine, à ce point ? Ana doit être dévastée. Peut-être que Max ne le voyait pas mais c'était bien le seul, elle est folle de lui, pas étonnant qu'elle devienne hystérique, à la longue.

- Il aimerait beaucoup te la présenter, reprend Jules en grimaçant.

- Je m'en fiche complètement, si tu savais. C'est... dommage qu'il ne comprenne pas certaines choses.

J'insiste pour observer la réaction de Jules. Est-il lui aussi aveuglé par leur amitié ? Il semble mal à l'aise, se gratte la nuque tout en buvant sa bière.

- Il lui fait du mal et je suis certain qu'il en est conscient, affirmé-je en soutenant le regard du blond.

- Je sais, je...

- Tu sais ? Hallelujah ! Bordel, je me demandais si j'étais le seul à l'avoir remarquer, soupiré-je en levant les mains en l'air.

- Ne lui en parle pas, écoute Julian, c'est compliqué, ça l'a toujours été alors ne fais rien pour le moment, d'accord ? Laisse-le s'en rendre compte tout seul.

- Je ne compte rien faire Jules, je te l'ai dit, j'ai d'autres choses à penser. Leurs affaires ne me regardent pas.

Ne pouvant plus supporter ce sujet de conversation, je me lève dans le seul but de ranger mon salon sous le regard inquiet de Jules.

- Tu vas la voir ?

- Ouais, elle rentre bientôt de l'hôpital, marmonné-je en regardant ma montre.

- Tu ne l'accompagnes pas ?

- Sa mère est avec elle, je ne suis pas autorisé, le nombre est limité en salle de chimio. Ce n'était qu'un simple contrôle, je ne m'inquiète pas.

- Tu me donnes des nouvelles, Julian ? Je sais que Camille ne le fera pas, que vous voulez être rien que tous les deux mais, crois-moi, on pense fort à elle.

- Je sais, Jules. Merci pour tout, je souris en tapotant son épaule.

- Allez, va la retrouver. Profitez bien.

Après un dernier signe de la main, Jules part sans oublier d'attraper sa bière au passage, le connaissant, il ne souhaite pas gaspiller et laisser une seule goutte au fond de cette bouteille. J'attrape mon sac de sport, glisse quelques t-shirts à l'intérieur ainsi qu'un bon gros sweat avec le jogging qui va avec. Ma trousse de toilettes, mon parfum et mon chargeur, il me semble que je n'ai rien oublié. Peut-être un petit mot d'amour pour ma maman qui ne cesse de bosser et que je croise seulement entre deux allers-retours à l'appartement. Je vis à moitié chez Camille, dont les parents m'accueillent, étonnamment, avec plaisir, à moitié chez moi qui ne semble plus réellement être mon appartement après avoir passé tant de temps aux côtés de ma petite amie. Il n'y a qu'en sa présence que je me sens réellement chez moi.


***


- Bonjour Monsieur Latour, affirmé-je poliment une fois la porte d'entrée ouverte.

- Julian ! Viens, entre donc.

Je ne peux vous expliquer le bonheur intense qui s'immisce au fond de moi lorsque j'entends cette voix grave s'adresser à moi de cette manière. Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là mais ça y est, j'ai enfin la bénédiction de la famille Latour. Sa mère a eu plus de mal à s'y faire mais tout est enfin rentré dans l'ordre, ils ont même accepté que je dorme avec elle. Incroyable.

- Bonjour Julian, me sourit Madame Latour.

Qu'est-ce que je disais ? Incroyable.

- Camille est dans sa chambre, elle t'attend.

- Merci beaucoup.

Quatre à quatre, je grimpe les marches en vitesse afin de rejoindre ma blonde préférée dans sa grande et jolie chambre dont je ne me lasse pas. Je ne prends pas la peine de frapper, j'entre en trombe, lance mon sac près de son bureau et me lance sur son lit afin d'atterrir à ses côtés, ce qui la fait rire extrêmement fort.

- Mon amour, s'écrie-t-elle en se jetant dans mes bras.

- Tu m'as manquée, soufflé-je en embrassant son front.

Près de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant