33. Pendant la soirée

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 — Salut.

Je lui rends son sourire.

— Salut.

Le gars pose son bras sur le haut du dossier du canapé, juste derrière ma nuque. Puis il s'installe un peu trop proche de moi à mon goût.

— Tu es nouvelle, ici ?

J'explose de rire si fort que je lui postillonne au visage. Je plaque ma main sur ma bouche pour retenir de nouveaux postillons. Le gars s'essuie avec un air mi-gêné mi-amusé.

— Beurk, merci. Et je ne me savais pas aussi drôle.

— Désolée, mais « tu es nouvelle, ici ? », ça fait tellement mauvaise réplique de série. Genre le lourdaud de service.

Il hausse les sourcils de surprise.

— Aïe, ça fait mal, quand même !

Un petit silence tombe. Je ne voulais pas être blessante ou méchante. Juste franche.

— Sinon, commence-t-il.

— J'ai soif, je l'interromps.

J'ai la gorge si sèche que j'ai du mal à déglutir.

— OK, fait le gars en souriant.

Il doit me prendre pour une tarée.

— Tu veux que je te serve à boire ?

— Bonne question. Là où je m'interroge, si tu permets, c'est si je peux te faire confiance. Tu ne vas rien mettre de condamnable dans mon verre ?

À son tour d'exploser de rire et de m'envoyer des postillons en plein visage. Pas la plus agréable des sensations, je le concède.

— Il ne faut pas être parano ! me rétorque-t-il. Ça ne fait pas partie des choses que j'avais l'intention de faire !

— Je ne suis pas parano, je suis sur mes gardes, nuance. Et tu avais l'intention de faire quoi ?

— De discuter avec toi. De faire connaissance. Éventuellement de te servir à boire mais sans y placer de la drogue.

Ses doigts frôlent les miens. Il fait monter et descendre ses sourcils.

Est-ce que ce petit jeu se veut sexy ?

— Tu cherches à me troubler ou un truc du genre ?

Il affiche un large sourire.

— Ça fonctionne ?

— Pas du tout.

— Alors, ça viendra.

— Tu es sacrément sûr de toi comme mec.

— Un peu de confiance en soi n'a jamais tué personne.

Je le fixe.

— Mais trop, peut-être bien que si.

J'ai l'impression qu'il recule légèrement, comme pour mettre de la distance entre nous. C'est lui qui est venu s'installer si proche de moi. Bien fait si c'est moi, désormais, qui le met mal à l'aise.

— Si je t'ennuie, tu le dis.

Je lui souris.

— Je n'y manquerai pas.

Je pense qu'il est déstabilisé, il ne sait pas si je plaisante ou non. Moi-même, je l'ignore. Parler avec lui ne me déplaît pas, mais dans le même temps, sa façon d'être me dérange. Est-ce que l'alcool perturbe trop mes pensées et mes perceptions ?

— Bon, j'ai toujours soif donc...

— J'ai cru comprendre que je ne devais pas m'en occuper ?

— Effectivement, je crois que je peux m'en charger, comme une grande.

Je lui tapote sur la main, comme à un enfant obéissant. Il dégage sa main.

— Tu es bien sage, mon petit.

Il semble se raidir.

— Bien, « ma grande », je te laisse faire du coup.

Il n'a pas autant d'humour que ce que je croyais. Ça va, il devrait s'en remettre. Je souris franchement.

— Merci « mon grand ».

Un petit sourire étire le coin de ses lèvres.

— Je préfère mon grand que mon petit. Et c'est Baptiste, au cas où ça t'intéresse.

Ah, voilà, on se détend de son côté.

— Merci de l'info, Baptiste. Moi, c'est Juliette. Je ne dis pas mon prénom pour aller plus loin dans le fait de faire connaissance, mais par politesse, pour que tu saches avec qui tu as conversé.

— Tu es vraiment particulière comme nana.

— Je le prends comme un compliment, merci.

Je récupère mon verre vide que j'avais posé à mes pieds et je le brandis.

— Bien, je vais enfin aller m'occuper de ça, si tu...

Je m'arrête en plein milieu de ma phrase en apercevant quelqu'un faire irruption derrière la large baie vitrée. Quelqu'un qui me fixe.

— Qu'est-ce qu'il fabrique là ? je murmure pour moi-même.

Parmi les jeunes sortis fumer dans le jardin, ce visage familier me regarde. Un visage qui n'a clairement pas l'air tout à fait sobre.

— Excuse-moi, je lâche à l'atten

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