75. Procès-verbal n°8

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Procès-verbal n°8

Stanislas Durant


Inspecteur de police : Devons-nous reprendre de zéro ?

S. Durant : Non.

Inspecteur de police : Pourquoi souhaitez-vous être entendu à nouveau ?

S. Durant : Parce que je ne veux pas être accusé de plus que ce que j'ai fait.

Inspecteur de police : Vous avez menti lors de votre première audition. Vous avez tenté de nous envoyer sur de fausses pistes en nous faisant croire que vous aviez raccompagnée Juliette à proximité de chez elle. Mais aussi en nous disant qu'elle tentait de joindre quelqu'un et qu'elle n'y arrivait pas. Vous avez même insisté sur le fait qu'elle paraissait énervée face au fait que la personne ne lui répondait pas délibérément. Rien de tout cela n'était vrai. Vous nous avez fait perdre un temps précieux. Vous avez ensuite refusé de nous parler quand votre ami a avoué ce que vous aviez fait et qu'il vous a donc dénoncé. Alors, pourquoi diriez-vous la vérité maintenant ?

S. Durant : Justement parce que je ne veux pas être accusé de plus que ce que j'ai fait.

Inspecteur de police : Vous voulez dire plus qu'enlèvement, séquestration, viol et meurtre ?

S. Durant : Oh la la ! Non, pas du tout ! Bon sang, je vous ai dit qu'elle était consentante pour monter en voiture avec moi et...

Inspecteur de police : Certainement pas pour être emmenée en plein milieu de la forêt, je me trompe ?

S. Durant : Non, ça, non. Mais je ne l'ai pas tuée !

Inspecteur de police : Que lui est-il arrivé alors ? Où se trouve-t-elle depuis que vous l'avez agressée ?

S. Durant : Je n'en sais rien !

Inspecteur de police : Alors pourquoi vouliez-vous être entendu à nouveau si vous n'en savez rien ? Quel est le but de votre présence ici aujourd'hui ?

S. Durant : J'ignore où elle est et ce qui lui est arrivé quand on est partis, Jean et moi. Mais je sais une chose, et c'est de ça dont je voulais vous parler, c'est qu'il y avait d'autres personnes près de la cabane.

Inspecteur de police : Qui ?

S. Durant : Je l'ignore.

Inspecteur de police : Vous ignorez beaucoup de choses pour quelqu'un qui souhaite parler. Et ces personnes apparaissent soudainement comme par magie, avec des identités mystérieuses. Elles n'existaient pas lors de votre premier interrogatoire. Elles n'existaient pas lorsqu'il n'y avait pas autant de charges retenues contre vous.

S. Durant : Je vous jure que c'est vrai ! Ce n'est pas une autre fausse piste, je vous le promets. Quand on est partis, Jean et moi, on a entendu des voix à proximité de la cabane. On n'a pas vu qui c'était mais il y avait au moins deux personnes et elles parlaient ensemble.

Inspecteur de police : Deux voix, hein.

S. Durant : Deux voix masculines, oui. Demandez à Jean. Il vous le confirmera. Peut-être même qu'il vous en a déjà parlé. Si ça se trouve, vous êtes déjà au courant, vous jouez votre rôle de flic à qui on n'a rien dit, pour me tester !

Inspecteur de police : Je ne vois pas grand intérêt à vous tester, vu que vous parlez désormais. Mais j'ai un doute sur la véracité de vos propos, je ne vais pas vous le cacher.

S. Durant : Il n'y a pas de mensonge. Il n'y en a plus ! Jean et moi, c'est sûr qu'on vous dit la même chose pour le coup car c'est la stricte vérité. On a emmené Juliette dans la forêt, je l'ai convaincue de venir dans la cabane, on l'y a agressée et on l'y a laissée. En partant, on a entendu deux voix masculines. Elles étaient proches et avaient l'air de se disputer. Voilà. Vous savez tout. Je vous ai dit toute la vérité. Je ne compte plus mentir car je me répète, je ne veux pas être condamné pour plus que ce que j'ai fait.

Inspecteur de police : Faits qui sont gravissimes, vous le réalisez ?

S. Durant : Oui, Monsieur, je le réalise. Et j'espère que vous trouverez ceux qui ont fait du mal à Juliette.

Inspecteur de police : En plus de vous et de votre ami, vous voulez dire ?

S. Durant : Oui. 

Keep It QuietWhere stories live. Discover now