Chapitre 5

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Rester calme, prendre de grandes goulées d'air, ne pas penser, ne pas réfléchir : tels étaient les sacrements que Tom s'évertuait à se répéter dans un cycle sans fin. Ne pas regarder l'horloge, ça ne l'aiderait absolument pas non plus. Il était à peine 22 h. Lou venait de sortir de la maison depuis dix minutes et Tom se sentait déjà sur le point de craquer.

L'homme se leva de son canapé et tourna en rond. Ses mains étaient secouées par de légers tremblements. De la sueur coulait le long de sa colonne vertébrale. Tom frissonna en grimaçant. Il ne se sentait pas bien.

Il sortit son téléphone de la poche de son jeans. Il tapa rapidement un message destiné à sa fille. Il le relut puis l'effaça en hâte. Il ne pouvait pas craquer. En lui envoyant ce message, l'Ogre aurait gagné. Pour sa fille, il devait apprendre à contenir ses pulsions.

Tom replaça d'un geste mal assuré le téléphone dans sa poche et se rassit dans le divan. Ses jambes furent prises à leur tour de tremblements. Ses doigts pianotaient nerveusement sur son genou.

L'Ogre poussa un cri de frustration, tel un animal en cage. Il sauta sur ses pieds et se dirigea vers la fenêtre. Tom espérait voir sa merveille arriver rapidement.

D'un geste vif, il jeta un œil à l'horloge avant de concentrer son attention sur la rue. 22 h 05 : il devrait encore tenir moins d'une heure. Encore soixante minutes de calvaire à contenir le monstre qu'il était.

D'aussi loin qu'il s'en souvenait, Tom n'avait jamais été un homme comme les autres. L'Ogre avait développé une passion morbide pour les tueurs en série. Il trouvait que tous ces hommes gâchaient la beauté du corps humain. En les meurtrissant de la sorte, la chair n'était plus exploitable et c'était un pur sacrilège à ses yeux. Il vouait à ces hommes une haine sans nom. S'il l'avait pu, il se serait repu de leurs corps. Malheureusement, il n'avait jamais connu cette chance.

Au lieu de ça, l'Ogre avait acheté un carnet où il y notait tous ses fantasmes les plus sordides. C'était une idée de Lou. Apparemment, le fait de les transcrire sur le papier devait l'aider à contenir ses pulsions. Le problème était que dans son temps libre, il aimait feuilleter ce cahier. Il ne devrait pas, il en était conscient, car c'était encore pire la fois suivante. En se replongeant de la sorte dans ses fantasmes, l'Ogre les vivait encore et encore. Parfois, ceux-ci étaient tels qu'un malaise le prenait. Il ressentait le besoin après de se nourrir et il devait donc partir à la chasse. En fait, chaque lecture lui déclenchait une nouvelle crise, mais c'était comme une drogue. Chaque fois, le grand frisson était présent et il était encore plus galvanisant que le précédent.

Malgré tout, l'Ogre faisait peur à Tom. Les crises étaient si fortes que parfois, Tom craignait de ne plus reconnaître sa propre chair. Il avait peur que sa merveille ne se retrouve par accident sous son couteau. À cette pensée, Tom frissonna de dégoût cette fois-ci. Jamais il ne ferait du mal à Lou, jamais...

En revanche, l'Ogre avait une envie toute particulière. Lorsqu'il l'avait vu pour la première fois, son corps s'était comme déchiré en plusieurs lambeaux. Il la voulait elle, coûte que coûte. Ce n'était pas un caprice comme Tom se forçait à penser. Non, elle était son obsession. À chaque fois que l'Ogre se trouvait en sa présence, Tom devenait hargneux. La tension se répandait dans son corps. Pourtant, il se forçait à chasser les idées noires de son esprit. Sa fille ne lui pardonnerait jamais s'il craquait. À ses yeux, après sa fille, Iris était intouchable.

Malgré tous ses efforts, Tom n'arrivait pas à le raisonner. L'Ogre n'arrêtait pas de s'imaginer la sensation de son couteau caressant ses côtes. Iris était fine, mais musclée. La jeune fille avait un galbe prononcé au niveau de la chute de rein. L'Ogre était sûr que ce morceau était de premier choix.

La Taverne de l'Ogre - Tome 1Where stories live. Discover now