Chapitre 20

8 1 2
                                    

Il eut un bruit sourd, comme une explosion. Aux premiers signes de la dégringolade, l'Ogre s'était éloigné rapidement de la porte. Sous l'effet de l'adrénaline, il avait resserré sa poigne sur le manche de la hache.

Lorsque le bois explosa devant l'Ogre, il leva une main face à son visage pour se protéger. Quelques longues secondes s'écoulèrent dans un silence mortuaire. L'Ogre enleva son bras et examina les dégâts.

La porte qui lui faisait face ne tenait plus beaucoup. À certains endroits, celle-ci avait littéralement explosé laissant la place à des morceaux de bois aussi aiguisés que des pieux.

L'Ogre observa les dégâts avec étonnement. Heureusement qu'il avait eu le réflexe de s'écarter de la porte, sinon il aurait été blessé à coup sûr.

L'arme au poing, l'homme s'approcha de l'entrée du grenier. Tout en évitant les morceaux pointus, il s'appuya contre le reste de la porte et il poussa de toutes ses forces. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front. Ses cheveux se collèrent sur son visage.

Ne voyant aucun changement, l'Ogre serra les dents et il essaya tant bien que mal de faire bouger ce qui bloquait la porte.

Lorsqu'il se rendit compte que rien n'y faisait, l'Ogre poussa un cri de rage. Il abattit son poing sur la paroi qui ne résista pas. Le bois éclata autour de lui. L'Ogre observa sa main, songeur. Une idée lui vint.

D'un geste sûr, il s'arma de sa hache et asséna un premier coup là où son poing avait commencé le travail. Des éclats de bois volèrent autour de lui. La colère laissa la place à un sourire satisfait sur son visage.

L'Ogre se redressa et abattit à nouveau sa hache. Il eut un coup, puis un deuxième et ainsi de suite. Sans relâche, l'Ogre creusa la brèche. Lorsqu'elle fut assez large à son goût, il stoppa ses assauts. L'homme passa la tête à travers le trou avec prudence. Il n'avait pas prévu encore de se faire décapiter aussi bêtement.

Comme il l'avait imaginé, une armoire qui avait dû être aussi large que haute apparut sous ses yeux. Il n'y avait pas une dizaine de meubles entreposés là-haut. L'Ogre comprit rapidement lequel siégeait maintenant en mille morceaux. Il fut étonné en même temps, car ce meuble pesait une centaine de kilos. Il ne saisissait pas de quelle façon elles s'y étaient prises pour le déplacer et l'envoyer valser dans l'escalier. Lou étant blessée, ça avait dû être très compliqué pour elles.

Il ne put s'empêcher de sourire face à cette prouesse. Sa proie était beaucoup plus maline qu'il l'avait imaginé. En s'associant toutes les deux, elles lui donnaient du fil à retordre. Ce défi lui plaisait et le frustrait par la même occasion.

L'Ogre riva son regard sur le haut de l'escalier. Il espérait rencontrer le regard de l'une des deux filles, mais l'espace resta désespérément vide.

— Je sais que vous êtes là, tonna la voix chaude de l'Ogre.

Le silence lui répondit.

— Ce n'est pas bien, reprit-il sur un ton de reproche, j'ai bien failli être blessé à cause de vos enfantillages.

L'Ogre sonda l'espace en haut de l'escalier, mais il ne perçut aucun mouvement. Les deux jeunes femmes s'étaient bien cachées et ne semblaient pas prêtes à montrer leur nez.

— Je vais compter jusqu'à dix... Après ça, je viendrai vous chercher !

L'homme espérait que ses menaces les feraient réagir, mais il n'en fut rien. L'Ogre exécuta ses propos et se mit à compter tout haut.

Le compte tonna à un rythme régulier. Entre chaque chiffre, l'Ogre tendait l'oreille à la recherche du moindre bruit trahissant ce qu'elles faisaient plus haut.

La Taverne de l'Ogre - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant