La Taverne de l'Ogre - Tome 1

Chapitre 13

Elle nous a abandonnés... 

Iris observa la porte d'un air absent. Son cerveau avait fait un raté. Tout s'était passé si vite. Lou était apparue comme un ange tombé du ciel, avant de disparaître à nouveau dans les limbes, suivie de près par Satan en personne.

La porte s'était refermée sur eux dans un claquement sourd. La lumière était restée allumée. Iris avait bien essayé de crier au début. Elle voulait que Lou l'entende et qu'elle fasse demi-tour. Cependant, ses appels restèrent sans réponse.

Iris s'était rendue à l'évidence. Elle avait beau retourner la situation dans tous les sens, la conclusion était claire et limpide : Lou les avait abandonnés à leur sort sans un regard en arrière.

Iris avait le cœur brisé. Son espoir avait été réduit en miettes. Elle qui pensait être sauvée des griffes de Tom, elle se retrouvait à nouveau enfermée dans cette salle de torture.

Iris revint à la réalité lorsque les gémissements de Max lui parvinrent. Elle se rapprocha à nouveau de lui pour le prendre dans ses bras. Elle essaya tant bien que mal de se concentrer sur lui, mais son attention se tourna plutôt sur la cave.

Iris examina le moindre mur, le moindre outil qui se trouvait sur le chariot placé aux côtés de la table d'opération. Rien qu'à y penser, Iris en eut la nausée. Elle détourna les yeux et jeta un œil à Max qui était plongé à nouveau dans un état comateux. Les larmes montèrent aux yeux d'Iris. Elle ne fit pas d'effort pour les faire taire ou les cacher.

Iris passa une main contre le front de Max dont la froideur la frappa. Elle avait essayé de le recouvrir de leurs manteaux ainsi que d'un pull qui traînait dans la cave, mais rien n'y faisait. La peau de Max demeurait froide. Iris remarqua que ses lèvres avaient pris une teinte bleue inhabituelle, tandis que son visage avait grisé.

La jeune femme dirigea son regard vers la plaie où le sang s'était partiellement coagulé.

Un mauvais pressentiment se propagea chez Iris. Son corps se raidit. Une idée affreuse vint se loger dans son esprit.

D'une main tremblante, Iris tenta de prendre le pouls de Max au niveau de l'artère carotide, mais elle ne sentit rien. Une vague de stress l'envahit. Elle se saisit de son poignet et réitéra la manipulation sans succès.

Iris lâcha la main de Max comme s'il l'avait brûlée. Elle ouvrit grand la bouche et observa la figure de Max posé sur ses genoux. Sa bouche était légèrement ouverte et son visage semblait plus apaisé que tout à l'heure. De nouvelles larmes s'écoulèrent le long des joues d'Iris. Il ne pouvait pas... Ce n'était pas possible...

Iris se décala de Max et déposa sa tête sur le sol. Elle se mit à genoux près de son thorax et colla une main sur sa poitrine et une autre sur sa bouche. Aucun filet d'air ne s'échappa de ses lèvres entrouvertes. Son torse resta immobile.

— Max ?

La voix d'Iris n'était plus qu'un murmure. Prise d'un élan de folie, elle secoua le corps sans vie de son ami qui ressemblait à une marionnette désarticulée.

— Arrête de faire l'idiot, s'énerva-t-elle la voix rauque. Tu n'as pas le droit de me faire peur ainsi !

Iris secoua à nouveau son corps comme pour le réveiller, mais il demeura inerte. Iris observa le corps, horrifiée. Son ami était mort... Max était mort...

— Ce n'est pas possible !

Iris lâcha le corps qui retomba mollement sur le sol glacé de la cave. Son cerveau fonctionnait à plein régime. Iris ne comprenait pas, elle ne l'avait pas quitté d'une semelle. Max gémissait encore il y a quelques minutes à peine...