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     Le Dr. Hall griffonne quelques mots sur son dossier. L'espace de son cabinet est assez agréable et chaleureux. Deux fauteuils en cuir font face à son bureau et des étagères de livres ornent les murs. Du côté de la baie vitrée, une fougère agrémente l'espace de thérapie. Assise sur un divan plutôt confortable, je réponds du mieux possible à ses questions.

     - Avez-vous récemment vécu un traumatisme quelle qu'en soit la forme ?

     J'hésite un moment. C'est déjà la deuxième séance avec le Dr. Hall et il ne peut s'empêcher de me poser les mêmes questions que la dernière fois.

     - La mort de mon père.

     Je connais son objectif. Parler pour extérioriser.

     - Bien.

     Il prend scrupuleusement note de chacun de mes mots. Je le soupçonne même d'observer ma posture et, par conséquent, d'analyser chacun de mes gestes.

     - C'est important que vous en ayez conscience. Se pourrait-il que le traumatisme de la mort de votre père soit directement lié à vos rêves ?

     Cette question provoque en moi une réaction épidermique. Je me braque.

      - Je n'en sais rien... Et vous ? Qu'en pensez-vous ? C'est vous le professionnel, après tout !

     Je donnerais tout pour ne pas être là. Mais la thérapie individuelle n'a rien à voir avec celle de groupe. Il n'y a aucune échappatoire qui s'offre à moi cette fois.

     - Vous savez, dit-il en déposant ses lunettes sur l'une des tables gigognes, beaucoup de personnes vivant un traumatisme similaire au vôtre mettent des mois, voire des années à s'en remettre.

     Il sort de sa poche une petite pièce de tissu ourlée sur les côtés et entreprend de nettoyer consciencieusement les verres de ses lunettes.

     - La perte d'un être cher, dans le cas présent votre père, n'est pas une situation anodine. Votre corps est sous le choc. Il essaie de vous communiquer quelque chose.

     Dites-moi donc quelque chose que j'ignore, Dr. Hall...

      - Prenez par exemple, dans votre premier songe, la représentation de cette grande horloge qui tourne. Dans quel sens allait-elle ? 

     - Je vous l'ai déjà dit. Elles tournaient dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

     Il marque un temps d'arrêt, manifestement satisfait d'une réponse qu'il connaissait déjà.

     - Voilà. Et à quelle heure s'est-elle finalement arrêtée ?

     - À 03h00, vous le savez bien, dis-je exaspérée.

     Il tourne les pages de son dossier.

     - Votre subconscient essaie donc de vous transmettre un message. Il essaie de remonter le temps. Peut-être souhaite-t-il retourner dans votre passé. Est-ce que cette heure vous évoque quelque chose de particulier ?

     Il marque un point car je n'avais pas encore fait ce parallèle. Je sais précisément à quoi cette heure peut se référer, mais je n'ai absolument pas envie de lui en parler.

     - À l'heure à laquelle je me réveille à chaque fois que je rêve.

     - En effet. Maintenant il va nous falloir comprendre pourquoi c'est toujours à cette heure que vous vous réveillez. Combien de personnes votre cellule familiale comptait-elle avant la disparition de votre père ?

Dimension: Tome 1 - Les portails de l'OmbreWhere stories live. Discover now