Emma VanHurt 2 ( TERMINÉE )

3: Gênant.

Nous sommes attablé tous les cinq au restaurant. Nous sommes ici pour entre guillemet « fêter mon rétablissement ». J'ai mis un pantalon noir cintré avec une petite chemise en soie. Je n'arrive pas à lever le regard sur mes camarades de table, je fixe ma serviette en papier avec génance...

- C'est quand la prochaine fois que l'infirmière vient ? dit Alex pour détendre l'atmosphère

- Jeudi prochain, répond ma mère. Pourquoi ?

- J'ai un ongle de pied qui me fait mal.

Il ricane mais personne ne l'accompagne. L'infirmière vient de temps en temps à la maison pour contrôler que tout va bien. J'espère que je n'en aurais bientôt plus besoin. Je me sens mieux physiquement.

- Brad, tu rentres à la maison après ? demande mon père

- Non, j'ai rendez-vous avec des amis.

- Ho, tu veux dire avec une amie. Réplique ma mère avec une moue perverse.

Brad faillit s'étouffer avec son verre d'eau quand mon père renchérit

- Tu as rendez-vous avec une fille ce soir Brad ?

- Je... je...

- Bah non il est gay ! cri Alex mort de rire.

Il rigole mais je ne sais plus où me mettre, ce repas est si gênant, Brad ne sait pas quoi répondre

- Arrête un peu tes âneries Alex, sincèrement, tu as quel âge ! commence à s'énerver ma mère.

- En tout cas, je serais ravi de l'a rencontrer. Termine mon père.

Où peut bien aller Brad ce soir ? il ne m'a pas dit qu'il sortait, et puis avec qui ? après tout, il n'a rien à me rendre. Aucune explication est obligatoire, il a dit qu'on faisait une pause. Peut-être bien que cette pause soit à l'infini. Mais... je n'ose pas y penser, je n'ai pas envie que cette histoire d'amour atypique termine maintenant. A l'heure d'aujourd'hui c'est la personne avec qui je suis le plus proche, la personne qui me connait le mieux. Je n'arrive pas à imaginer une vie où cet individu reste un membre de ma famille, je n'imagine pas ma vie sans ses câlins de réconforts, ses mots doux et ses baisers enivrant. Je n'imagine pas sortir avec quelqu'un d'autre. Je repense à cette nuit, cette fameuse nuit où nous avons passé le pas sans aucun retour en arrière, où j'ai commis le pécher de donner mon corps à un homme.

Et si c'était une erreur, si j'avais le choix d'effacer ce moment magique, si j'avais le pouvoir de remonter le temps. Je le ferais ?

Non, je ne pense pas, ce crime a été commis avec tant de douceur et d'amour, ce moment si magique ne pourra jamais être regretter.

Je reviens sur terre lorsque mon plat m'est servis, c'est un dos de cabillaud avec une sauce aux poireaux. Je prends ma fourchette entre mes mains, elle me semble si lourde, si précieuse, je ne sais pas quel est la renommée de ce restaurant mais les couverts sont lourds, les pieds de table sont dorés et les verres à pied sont en cristal véritable. Les gens qui nous entourent ont l'air heureux, distingué, nous sommes vraiment dans un restaurant chic et Alex parle de son doigt de pied, quand j'y repense. Peut-être que même ce qui se passe avec ma famille est chaotique en ce moment, il y a une pointe d'humour et de discussion.

Dans la voiture, je jette un coup d'œil à mes mails, le dernier mail est un mail qui provient de la mairie, elle m'informe qu'une famille aurait besoin de mes services pour un babysitting dans la semaine. Elle me laisse le numéro de la mère en question au cas où je serais intéressé par ce job. Depuis que j'ai commencé ce job, je n'ai même pas fait attention à l'argent que je recevais, dès la minute où j'ai commencé à sympathiser avec maddzi, j'en ai oublié la récompense, j'en ai oublié pourquoi j'avais fait sa rencontre, en effet, je me suis prise à faire ça par plaisir. Je ne sais plus si j'ai envie de recommencer à garder un enfant, peut être que celui-ci sera odieux, et puis je ne rencontrerais personne comme elle. Aucun enfant ne pourra la remplacer car elle est unique. Et je n'ai pas envie de la remplacer.

Je ne supprime pas le mail, mais je n'appellerais peut-être jamais ce numéro.

Je suis assise sur le siège du milieu, lorsque je range mon téléphone dans ma poche, Brad sort le sien, je regarde discrètement dans ma vision périphérique ce qu'il fait, il se dirige dans ses messages. Puis il écrit quelque chose, mes yeux se dirige lentement vers le clavier et ce qu'il écrit sur l'écran. J'ai le temps d'apercevoir « on se rejoint où », de remonter les yeux vers le destinataire écrit « Ranya » lorsqu'il me surprend en train de zieuté. Je me sens mal à l'aise, pris sur le fait de violer sa vie personnelle. Je détourne rapidement les yeux vers la fenêtre du côté d'Alex. Il range son téléphone et pousse un soupir.

Je sens le feu de la colère monter en moi, mon souffle devient de plus en plus saccadé et j'essaie de me contrôler. Je ferme les yeux et je pense à autre chose. J'essaie de penser aux cours quand je reviens la discussion avec le prof de biologie. Je suis agacé, vraiment, ses paroles, je ne suis pas sa seule élève et je ne verrais pas pourquoi il serait aussi investi dans ma réussite.

La voiture se gare et Alex ouvre la portière.

- Allez Emma, bouge-toi sort de là me dit-il

- Mais ça va, deux secondes, ce n'est pas possible, laisse-moi tranquille.

Ses yeux sont devenus deux billes rondes et moi je suis morte de colère, je me dirige vers la maison avec tant de haine. J'ai envie d'exploser le pot de fleur sur mon passage. Pis merde, voilà, je lui donne un coup de pied, il s'écrase contre le sol, la terre se repend tout autour et des bouts de céramique volent dans tous les sens

- Mon pot de fleur ! s'écrit ma mère

Je m'écrase sur le lit et fond en larme.

Deux heures après, une voiture klaxonne, curieuse comme je suis, je me penche à la fenêtre, c'est une petite voiture jaune avec un toit ouvrant, la portière s'ouvre et la conductrice descend pour enlacer un homme, je ne mets pas longtemps avant de voir que cet homme c'est Brad, il pose une main dans son dos et elle l'embrasse sur la joue, ils montent tous deux en voiture et celle-ci disparait.

Il n'a vraiment pas pris beaucoup de temps pour m'oublier, elle est bénéfique sa pause, il va voir d'autres gonzesses pendant que moi je pleure mes tripes ici. Sincèrement. Mais ce n'est pas possible, quel enfoiré ! j'ai un instant de doute pour savoir si je regrette mon dernier mot mais la colère m'envahit et je ne ressens pas le moindre soupçon de regret.