• La Fierté d'un Prénom

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Le lendemain dans la matinée, la petite troupe quitta l'Oasis du seigneur Tã après des adieux et des remerciements mutuels.
Nejanne avait entendu certains morceaux de conversations qui lui firent comprendre que des plans de défense et de rassemblement des différentes forteresses du pays allaient s'unir pour vaincre la menace des désertiques. Certains villages auraient déjà été rasés par ces monstres et il fallait agir vite.
Nejanne espérait simplement ne pas en croise d'autres sur le chemin du retour, mais elle se disait que si Sar Ka Ha avait l'esprit occupé par ce problème, il la laisserait peut être un peu plus en paix le temps qu'elle reprenne des forces et repose son corps. Elle avait tellement de courbatures et de blessures que chaque mouvement était douloureux et lui demandait une énergie phénoménale. Elle avait d'ailleurs peur que les deux jours à cheval qui l'attendait l'épuiserait encore plus, mais au moins elle savait qu'il ne la toucherait pas, et cela lui donnait un espoir considérable.

En partant, elle voulu se mettre en queue de cortège, comme ça avait été le cas au début de l'aller, espérant peut être échanger un mot avec Amé, sans prendre de risque mais simplement pour faire paraître ce voyage plus « normal » et lui expliquer la soirée de la veille, lorsqu'elle s'était déshabillée. Elle avait l'impression de lui devoir une explication pour surmonter sa propre honte. Mais Sar Ka Ha attrapa la bride de son cheval en passant devant elle pour la faire venir près de lui en tête. Elle échangea un coup d'œil discret avec Amé, qui évita alors son regard.

Le trajet fut silencieux, sous une chaleur écrasante la journée et un froid glacial la nuit. C'était, comme elle l'avait prévu, épuisant.
Les deux gardes ne disaient rien, même pas entre eux, et les conseillers pas grand chose non plus. Quant à Sar Ka Ha il se contentait de guider la troupe, majestueux et muet.
Ce n'est que durant la seconde journée, qu'il ouvrit la bouche pour s'adresser à Nejanne, sans pour autant lâcher l'horizon du regard:

-Comment t'appelles-tu esclave?

La jeune fille ne s'attendait pas à ça, elle ne pu cacher son étonnement.

-Je... quoi?
-Me faire répéter? Vraiment?
-Pardon... je... je m'appelle Nejanne.
-Hum. Un prénom de traînée et de paysanne.
-Je suis fière du nom que mes parents m'ont donné.

Elle ne savait pas ce qu'il lui avait pris, peut être le fait qu'ils n'étaient pas tous les deux seuls dans une chambre, mais elle regretta aussitôt son ton un peu trop hautain. Il tourna son visage vers elle.

-Tu dois être fière de me servir et pleine de gratitude en pensant à tout ce que je te donne. Mais tu ne dois certainement pas être fière de quoi que ce soit d'autre. La fierté n'a pas sa place dans la tête d'une esclave tel que toi.

Elle baissa les yeux et se mordit la langue pour s'empêcher de répondre quoi que ce soit qu'elle aurait pu regretter amèrement.

-Oui Maître. Je suis désolée.

Le Harem de Sar Ka HaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant