• Les Désirs et Les Contradictions

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-Elle va bien?
-...oui...

La voix de Nej était toute petite. Elle était restée troublée par les paroles de son amie. Avait-elle raison? Son âme avait-elle totalement disparue? Qu'était devenue l'ancienne Nejanne?

-Et toi tu vas bien? Tu as l'air soucieuse.
-Je vais bien. Ne t'en fais pas.

Amé raccompagna Nej aux appartements, mais ne sortit pas immédiatement, et referma les portes derrière eux.

-Nous en sommes pleine journée, c'est risqué. N'importe quelle servante pourrait arriver.
-C'est toujours risqué. Et ça l'est moins que le soir, tu le sais parfaitement.
-J'ai envie de me reposer Amé. Laisse moi s'il te plaît...

Il fronça les sourcils:

-Hum, il y a vraiment quelque chose qui ne va pas alors. Dis-moi. Qu'est ce qu'elle t'a dit?

Nejanne soupira tristement et s'assit sur une chaise pour soulager ses jambes et son dos.

-Est-ce que tu trouves que j'ai... changé?
-Changé?
-Oui. Depuis que tu me connais.
-Et bien... j'ai surtout appris à te connaître. Et les gens évoluent au fil de leurs expériences, c'est normal.
-Donc j'ai changé.
-Tu es devenue mère, c'est normal.

Elle se releva brusquement:

-Je ne suis pas une mère!!

Il jeta un coup d'œil vers les portes. Il fallait être discret et Nej venait de parler bien trop fort. Elle s'en rendit compte et baissa d'elle même d'un ton.

-Je ne suis pas une mère... Cessez de tous me dire ça.

Amé s'approcha doucement vers elle en la regardant dans les yeux, mais elle fixait le sol.

-Tu es une femme.
-Non. Je suis une esclave. Son esclave.
-Tu es celle qu'il a choisie. Parce que tu es exceptionnelle. Tu es celle que j'ai choisie.

Elle releva le yeux vers les siens, au bord des larmes.

-Pourtant ne nous ne pourrons jamais être libres.
-Nous le sommes Nej. Regarde. Nous sommes là, tous les deux ensembles. Personne ne peut rien nous faire. C'est notre secret, personne ne peut nous le prendre.

Il s'approcha encore pour faire disparaître la distance entre eux et vint mélanger avidement sa bouche à la sienne.
Nej eu un petit sursaut (ils ne s'étaient pas embrassés depuis près de deux mois) mais se laissa finalement perdre dans cette touche de douceur et de réconfort.

Ce contact avait atrocement manqué au jeune homme qui n'en pouvait plus de ne pouvoir poser sa bouche et ses mains sur elle. Savoir que la femme qu'il aimait était touchée, regardée, embrassée et violée par un autre aussi régulièrement qu'il le souhaitait tandis que lui devait se contenter de rester à bonne distance était la pire torture qui soit.
Nejanne ne ressentait pas exactement la même chose. Elle aimait quand ils s'embrassaient, mais passaient avant tout les moments qu'ils passaient ensemble, les paroles, les regards. Le toucher n'était que secondaire à ses yeux. Et même si elle savait que c'était des marques d'amour, elle ne pouvait s'empêcher d'associer ces gestes à tout ce que Sar Ka Ha avait pu lui faire subir.

Le Harem de Sar Ka HaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant