Chapitre 2

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La sonnerie insistante de mon téléphone me tire de mon sommeil de la plus désagréable des manières. Je grogne, insultant d'à peu près tous les noms possibles la personne qui m'appelle avant que mon réveil n'ait sonné.

Jeff.

Pourquoi est-ce que Jeff, qui devrait également être en train de dormir, en toute logique, est en train de m'appeler ?

Je n'ai pas le temps de réfléchir, il faut que je décroche, il y a peut-être une urgence au foyer.

— Dieu merci, j'ai cru que je n'arriverai jamais à te réveiller !

J'enlève mon téléphone de mon oreille pour voir combien d'appels j'ai manqué. En effet, c'est la troisième fois qu'il tente de me joindre.

— Désolée Jeff, il y a des gens normaux, qui dorment à des horaires normaux et qui ne sont pas nécessairement joignables quand ils ne sont pas de garde.

— La voix du matin te va à ravir, l'humeur c'est autre chose.

Je ne réponds pas à sa provocation, attendant qu'il en vienne au fait.

— Ne t'inquiète pas, il n'y a pas eu de soucis avec les gamins.

— Tu aurais peut-être dû commencer par là. Ça m'aurait évité une crise cardiaque au réveil.

— Excuse-moi, mais c'est une nouvelle extrêmement importante.

Je ne l'encourage pas à continuer, j'attends qu'il en vienne au fait, que je puisse enfin partager son enthousiasme.

— L'association va avoir un parrain.

Il reste silencieux, attendant ma réaction. L'information prend son temps pour monter jusque'à la partie de mon cerveau qui comprend vraiment ce que ça veut dire.

— Quand tu dis parrain, tu entends un mec célèbre qui veut soulager sa conscience en donnant une infime partie de ses millions à une pauvre association locale ?

Il grogne au bout du téléphone.

— Oui, c'est à peu près ça. Mais j'aurais présenté les choses différemment. C'est un généreux donateur qui va nous permettre de faire plein de travaux au foyer et d'offrir des opportunités encore meilleures aux gamins, c'est fantastique non ?

Mes idées se mettent finalement en place, je soupire, le sourire aux lèvres, en regardant le plafond de ma chambre.

— C'est merveilleux, Jeff. Comment tu l'as trouvé celui-là ? Et pourquoi tu m'appelle aussi tôt pour me prévenir ? Je suis au foyer toute la matinée aujourd'hui, tu aurais pu attendre que j'arrive !

Le silence de l'autre côté du téléphone me fait comprendre que ma joie va être de courte durée. Il y a une information que je n'ai pas, et qui ne va pas me plaire.

— Quel est le problème ?

— C'est un cas un peu particulier. Disons que ce n'est pas pour soulager sa conscience qu'il devient parrain, mais pour racheter son image.

Ça sent le plan pourri à des kilomètres.

— C'est qui ?

— Un pilote de Formule 1, tu n'as pas besoin d'avoir son nom, je ne suis pas certain que ça te dirait quelque chose.

Je reste silencieuse, dans mes pensées. Il a raison, je n'en connais que deux, dont un qui n'est même pas sur la grille de cette année.

— Bien, et qu'est-ce qui justifie que tu m'appelles si tôt ?

— Lui et son équipe arrivent à huit heures tapantes, j'aimerai avoir une réunion avec tous les bénévoles et employés qui seront impliqués à ses côtés. Je t'ai bien évidemment mise en tête de liste, j'ai une totale confiance en toi. Mais du coup, il faudrait que tu sois là pour sept heures, qu'est-ce que tu en dis ?

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