Chapitre 23

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Je hais cette femme.

La directrice de cette école me déteste probablement autant que je la déteste. Heureusement que j'ai emmené Jeff avec moi, elle n'aurait probablement même pas accepté d'étudier le dossier d'Ayden si je m'étais pointée seule. Mais elle a un faible pour mon collègue, elle prendra au moins le temps d'ouvrir le dossier qu'on lui amène.

Nous attendons depuis de longues minutes dans son bureau quand elle vient finalement nous ouvrir. Elle me regarde de haut en bas. Elle n'est pas beaucoup plus vieille que moi, mais nous sommes si différentes. Avec sa jupe lissée et sa chemise parfaitement repassée, elle me semble tellement supérieure, moi qui n'ait pas fait l'effort de mettre autre chose qu'un jean avec une veste Williams, que j'ai retrouvé dans ma valise en l'ouvrant hier matin. Je ne sais pas si je l'ai emmenée par erreur ou si George me l'a laissée, mais je n'ai pas hésité une seule seconde à la mettre tout à l'heure.

— Madame Ramirez, Monsieur Cott, je suis ravie de vous revoir.

Son sourire ne s'adresse qu'à Jeff, je n'ai le droit à rien d'autre qu'un hochement de tête. Je les suis dans le bureau, sans un mot. Il faut que je le laisse parler, il s'en sortira mieux que moi. Je suis juste ici parce qu'Ayden voulait que je sois là pour défendre son cas. Nous ne l'avons pas emmené, je ne voulais pas qu'il soit déçu si elle refuse de lui trouver quelque chose.

Nous nous installons, elle s'adresse directement à lui. Son langage corporel est fascinant, elle est complètement tournée vers lui, je suis exclue de cette conversation, je n'aurais pas mon mot à dire si je ne m'impose pas.

— J'ai cru comprendre au téléphone que vous aviez besoin de mon aide.

Il faut toujours que ça tourne autour d'elle, qu'elle ait l'impression de nous rendre service. Je me pince les lèvres pour ne pas lui répondre le fond de ma pensée.

— J'espère vraiment que vous allez pouvoir nous aider, commence Jeff.

Il en fait des caisses, j'adore son jeu, il a bien compris comment l'avoir.

Il lui explique le cas d'Ayden, qui sera majeur cet été. N'importe qui l'aurait mis à la porte à ses dix-huit ans. Jeff ne le fera pas, il ne l'a jamais fait, je lui fais confiance. Mais la directrice émet vite des doutes.

— Il est bientôt majeur et complètement déscolarisé ?

— En effet, nous espérions qu'il puisse se réintégrer au système.

— C'est beaucoup plus compliqué que ce à quoi je m'attendais.

J'allais intervenir, mais elle ne me laisse pas la parole.

— Vous n'avez aucune idée de son niveau scolaire. On ne peut pas l'intégrer à des classes plus jeunes, c'est impossible. Je crains que je ne puisse pass vous aider sur ce cas, il va falloir accepté qu'il n'aura jamais de diplômes.

Il faut que j'intervienne.

— Vous n'avez aucune idée de son niveau scolaire, et s'il était capable d'être diplômé cette année ?

Jeff me fait les gros yeux. Je ne sais pas pourquoi, je suis persuadée qu'Aident en est capable. Et je ne la laisserai pas gâcher l'avenir du gamin.

— Les examens sont sur le point de commencer, je n'aurais pas le temps de lancer les procédures. Et je n'ai pas envie d'accueillir un nouveau si tard dans l'année. Déjà que nos élèves actuels se mettent à se battre, imaginez si on bousculait leur hiérarchie.

Elle me fusille du regard. Je sais très bien de quoi elle parle, la dernière fois que je suis venue dans ce bureau, c'était pour défendre le cas de Yann et Manon. Je n'en regrette rien, mais son regard me donne envie de revenir en arrière et de faire les choses légèrement différemment. Je n'aurais peut-être pas dû être un peu agressive le dernier coup.

HELPWhere stories live. Discover now