Chapitre 12

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- Est-ce que tu te rends compte de la manière dont il me parle ?

Pauvre Alex. Ça fait au moins une heure qu'il m'écoute me plaindre de George. De son ami. Mais en tant qu'ami incroyable, il m'écoute sans rien me dire, le défendant quand je vais trop loin dans mes propos.

— Il faut dire que tu n'es pas des plus aimables avec lui.

— Tu m'étonnes ! Dès que je fais une tentative de gentillesse il se ferme ou il m'envoie chier ! Je ne sais même pas comment on a fait pour cohabiter une semaine.

    Je descend mon verre d'un trait. Alex fait signe au barman de recharger. J'ai besoin d'évacuer la pression, de passer mes nerfs.

— Peut-être que des fois tu dis des choses qui le blessent sans que tu t'en rendes compte, et qu'il fait pareil. Après tout, tu n'as toujours pas voulu me dire, qu'est-ce qu'il a fait qui méritait qu'il s'excuse personnellement auprès de toi ?

    Je prends une gorgée de mon nouveau verre, sentant à peine les saveurs du délicieux cocktail que je ne cesse de descendre. Je ne sais pas comment je vais tenir sur mes talons pour retourner jusqu'à l'hôtel. Je ne sais pas non plus pourquoi j'ai eu l'idée saugrenue de mettre des talons ce soir. Est-ce que quelqu'un utilise encore le terme saugrenu ? Aucune idée.

— Sara, tu ne m'échapperas pas, je te ferais boire jusqu'à ce que tu me dises ce qu'il s'est passé.

    J'abat ma main sur le bar avec un peu trop de force, je ne contrôle pas totalement mes muscles ce soir.

— Il est parti sans dire au revoir !

    Les sourcils d'Alex se froncent. Je n'aime pas ça, il est mieux quand il sourit. Quand il est heureux. Parce que c'est mon ami et que je veux qu'il soit heureux. Je fronce les sourcils à mon tour, pas contente qu'il ne soit pas content.

— Comment ça ? Tu savais qu'il partait non ?

— Il a réveillé les gamins pour leur dire au revoir, mais il n'a même pas pris la peine de me laisser un mot. Pas un vulgaire message. Rien. Il s'est barré, comme ça.

Alex me dévisage, alors que je continue de siroter mon cocktail, comme si ça allait me soulager.

— Donc je résume la situation, ton collègue est parti pour ne pas rater son avion, tu savais qu'il partait, mais le fait qu'il ne prenne pas la peine de te réveiller pour te dire au revoir te blesse énormément ? Ton collègue.

    J'affiche un air renfrogné qui ne lui échappe pas. Les amis trop attentifs, ce n'est pas si bien. Ramenez-moi Lana, au moins je suis sûre qu'elle ne s'inquiétera pas pour moi. Quoique, elle serait trop proche de lui, ça m'énerverait. Pourquoi est-ce que ça m'énerverait ? Il n'y a aucune raison pour que ça m'énerve, ça y est j'ai atteint ma quantité maximale d'alcool, je perds la tête.

    Je repousse mon verre sous le regard désabusé d'Alex.

— Je n'aimerais vraiment pas être dans ton crâne, je n'ose même pas imaginer les débats qu'il doit y avoir là-dedans.

— Tu n'as pas idée.

— Donc, pourquoi est-ce que le départ de ton collègue t'as tant affecté ?

    Je prends mon temps pour lui répondre, mais il doit savoir, sinon il va juste me prendre pour une folle.

— Nous sommes sortis avec mes amis, la veille. Et tout se passait bien, vraiment, je croyais vraiment qu'on était passés au-dessus de cette espèce de guerre qu'on a depuis qu'on est gamins. Mais j'ai dû me tromper, on s'est pris la tête avant d'aller se coucher. Et le lendemain il n'était plus là. Et il a fini par revenir comme une fleur, sans revenir sur les problèmes que nous avions traversé.

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