𝗶𝘃

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astrid.

l'absence de ta tête sur mes genoux
fut plus douloureuse
que ce que j'imaginais.
je ne m'accrochais plus qu'à tes mains,
comme pour m'assurer
que tu étais bien réelle.

ange tombée du ciel.

ça ne paraissait pas te déranger,
et c'est vrai que
nous avions toujours été proches,
toi et moi.

bénédiction et torture à la fois.

puis,
alors qu'un doux silence s'installait,
tes yeux se perdirent soudainement
vers l'horizon,
et pendant un instant
tu n'étais plus avec moi.

s'il te plaît,
ne sois pas égoïste.
ne me prive pas de ces yeux
que la lune a déjà bien assez vu.

quand enfin
tu daignas te tourner vers moi,
ce fut comme une bouffée d'oxygène
qui emplit tout mon être.

— dis ash,
tu ne t'es jamais dit que la monotonie
allait te tuer ?
n'as-tu jamais eu envie de faire
un truc dingue,
pour te sentir vivante
rien qu'un instant ?
et si c'était ce qu'il nous fallait
pour être heureuses ce soir, ash...
allez dis-moi,
c'est quoi la folie qui te rendrais heureuse,
là maintenant ?
vraiment, vraiment heureuse.

toi.

toi, juliet, toi toute entière.
ta voix, ton corps, ton cœur.
le grain de beauté sur ta main gauche,
la façon dont tu joues avec tes doigts
quand ton angoisse est trop forte,
cette étincelle de malice qui danse dans tes yeux
chaque fois que tu as une folle idée en tête.

la façon dont tu me surnommes,
trois lettres insignifiantes
mais qui sont désormais tout pour moi.

astrid aux yeux des autres.
ash juste pour toi.

je m'en voulais de penser à toi
de cette manière
alors que ton regard plein d'innocence
me suppliait de répondre.

toi et moi étions
à une année lumière l'une de l'autre.
et pourtant ta main dans la mienne
me poussait à croire le contraire.

— là maintenant ?
répondis-je finalement ,
je ne serais pas contre un peu de folie...

un sourire vint alors
presque immédiatement
illuminer ton visage.
comment oserais-je un jour
le laisser s'effacer ?

— si tu me demandais
la première chose
qui me passe par la tête,
là maintenant,
je te dirais que j'étouffe.
comme si l'air ici
ne me suffisait plus.
j'en veux plus.

avais-tu saisi mon regard
lourd de sens
qui avait plongé dans le tien
en prononçant ces derniers mots ?
pouvais-tu sentir mon souffle saccadé
à la seule pensée d'en avoir plus ?

si c'était le cas,
tu ne laissais rien paraître.

cependant,
et ce sans un bruit,
tu te levas.

debout
sur le rebord de ta fenêtre,
comme un funambule
sur le fil de la vie,
le vide te frôlant les orteils.

tu te tournas vers moi
et me souris,
l'étincelle de malice
illuminant de nouveau
tes yeux sombres.

ta main se tendit alors,
comme une invitation à te rejoindre
sur le toit des cieux.

— tu as raison ash, on étouffe ici...
et je sais où on pourrait aller
pour enfin respirer.

the art of falling.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant