𝘃𝗶𝗶

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juliet.

le sujet avait émergé
tellement naturellement de mes pensées
que je ne m'étais pas rendue compte
du malaise qu'il pouvait créer.

lorsque le visage de ma mère
refaisait surface sous mes paupières,
c'était comme une bulle
qui venait m'envelopper
et me couper du reste du monde.

non pas une bulle.
plutôt une bête géante
qui venait m'engloutir
et empêchait tout contact extérieur,
me laissant alors suffocante,
privée d'oxygène.

cette douleur dévorante,
j'avais essayé de la refouler au fond de moi,
de la perdre dans les abysses de mon cœur noirci par le deuil.

mais chaque fois, elle revenait plus forte,
anéantissant le moindre espoir de résilience.

si j'osai l'enfermer trop longtemps,
elle se faisait une plaisir
de me prendre par surprise,
attendant le bond moment
pour me sauter à la gorge.

un moment de faiblesse, de vulnérabilité.
un moment d'inattention
qui me ferait baisser ma garde.
un moment où les souvenirs de ma maman s'échapperaient pour remonter à la surface.

ce soir,
le monstre reprit le dessus,
chassant tous mes plans
d'un revers de la main.

le bruit des vagues devint sourd,
la danse de l'écume sur le sable s'effaça,
et tout autour de moi disparu.

alors commençait la chute.

je sombrais,
me noyais dans les ténèbres
de la nuit qui m'avait engloutie.

je ne parvenais plus à penser,
et bien vite, je compris.
c'était comme si j'étais déjà parti.

les souvenirs m'assaillaient par vagues
sans que je ne puisse les canaliser.
un sourire, une main tendue,
un murmure porté à mon oreille,
une voix familière qui me fit
échapper un sanglot étouffé.

pourtant, j'avais conscience de
ton regard inquiet posé sur moi.
j'avais conscience du sillon
que traçaient mes larmes
à mesure que je tombais.

et je ne pu rien y faire.

ne m'en veux pas ash, mais finalement
nous ne seront pas seules cette nuit.
mes démons se sont invités sans autorisation.

the art of falling.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant