𝘃𝗶

20 10 7
                                    

juliet.

— tu aurais dû venir ash,
l'eau est vraiment bonne !

mensonge, elle était glacée.
mais je ne sais pourquoi,
j'avais envie de paraître
le plus enthousiaste possible.
hors de question que tu commences
à douter de mon humeur
et de la réelle raison
de notre escapade nocturne.

je ne te laisserai pas voir
le trou béant dans ma poitrine.

malgré mon ton enjoué,
tu ne répondis pas et je remarquai
que tu n'avais pas dis grand chose
depuis notre arrivée ici.

— tout va bien ash ?

ton regard étais perdu au loin.
je posai alors ma main sur ta joue,
espérant capter de nouveau ton attention.

mais une sensation inattendue
s'empara de moi.

mon cœur manqua un battement.

sous le coup de la surprise,
je retirai ma main aussitôt.

c'était quoi ça ?

ma réaction soudaine
semblait t'avoir déstabilisé
puisque tu évitais désormais mon regard.

je ne comprenais pas moi même
ce qui venait de se passer.
c'était comme si, l'espace d'un instant,
j'avais oublié que tu étais ash.
celle dans les bras de qui j'avais passé bon nombre de soirées endormie.
celle avec qui je passai autrefois
des après-midis entières
dans le plus grand des silences,
sans aucune gêne.

pourtant, ce simple contact
perdu parmi tant d'autres
avait semblé résonner en moi
tout autrement.
c'était comme si, l'espace d'un instant,
mon cœur t'avais vu différemment.

— désolée.

je ne savais pas pourquoi,
mais je me sentais obligée de m'excuser.

une angoisse étrange s'empara de moi
et je tentai de la chasser
en jouant avec mes mains.

ressaisis-toi juliet...

c'était loin d'être un drame
et je me répétais que tu n'avais même
sans doute rien remarquer.
pourtant j'étais comme tétanisée.
va savoir pourquoi,
je ne pouvais me résoudre
à relancer la conversation.

alors bien sûr, comme toujours,
tu vins à mon secours.

— c'était vraiment
une bonne idée de venir ici,
l'air y semble plus respirable.

ta voix,
enchantement brisant mon maléfice,
chassa de mon esprit la brume
qui me paralysait.

je retrouvai alors l'usage de la parole
et les mots glissèrent de ma bouche
comme une brise,
faisant s'envoler la gêne ridicule
qui m'avait enveloppée.

— tu as raison, on est si bien ici...
tu sais, ma mère avait pour habitude de dire que l'air de l'océan pouvait guérir
tous les maux.
c'est pour ça qu'on a déménagé ici
dès sa première chimio.

the art of falling.Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin