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astrid.

devant l'objectif de mon caméscope,
ta silhouette se détachait à peine
sous la faible lueur des rayons de lune.

lorsqu'un lampadaire venait
éclairer ta peau d'ivoire,
c'était pour mieux
la quitter par la suite,
transformant ton corps
en ombre de la nuit.

tu étais là,
devant moi,
tes pas guidant les miens.

et pourtant,
lorsque l'obscurité venait t'engloutir,
j'avais l'impression de te voir
disparaître.

mais ce n'était qu'une impression.
dis-moi juliet, ce n'était qu'une impression ?

après un moment d'errance,
je te vis t'arrêter.

tu avais conservé
cette distance inconfortable entre nous
depuis que nous avions quitté la plage,

volontairement ou non,
je ne préférais pas le savoir,

mais quoi qu'il en soit,
en cet instant précis,
tu semblais attendre que je te rejoigne.

alors que je m'approchais,
tu daignas enfin te tourner vers moi.

soulagement, joie, frissons,
tout un panel d'émotions s'ouvrait à moi.

alors pourquoi ressenti-je
comme un pincement au cœur ?

j'arrivai à ta hauteur,
un sourire qui se voulait sincère aux lèvres,
et te vis t'asseoir sur le trottoir.

tu ancras ton regard dans le miens,
et je le pris comme une invitation
à m'asseoir à tes côtés.

nos corps étaient si proches.
je pouvais presque percevoir
le frottement complice de nos pulls
alors que nos épaules se frôlaient.

le silence qui s'était installé
depuis notre départ de la plage
semblait apaisé.
il n'était plus un nuage opaque
qui pesait au-dessus de nos têtes
mais plutôt une brume légère
se dissipant dans la nuit.

brume que tu vins chasser
de ta douce voix.

the art of falling.Where stories live. Discover now