𝘅𝗶𝗶

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astrid.

tu me souriais.

juliet, réponds-moi.

je m'étais levée
et tout ce que j'attendais maintenant,
c'était de t'entendre parler.

en cet instant précis,
j'aurais donné ma vie
pour faire brûler en enfer
ce sourire que j'aimais tant
et le remplacer par des mots.

— juliet ?

je cherchais ton regard,
tentant de m'y accrocher
comme à une bouée.

finalement,
tu haussas les épaules.

— je ne sais pas non plus.

tu avais dû apercevoir
la panique grandissante dans mon regard,
puisque tu avais enchaîné dans un rire.

— pour l'instant,
on est des gamines un peu paumées.
mais on a le temps de trouver.

on a le temps.

tu avais raison raison juliet,
bien sûr.

on avait tout notre temps.

malgré moi,
je ne pouvais détacher mon regard du tiens.
j'avais besoin de voir que tu étais là.
que tu n'allais nulle part.

et tu étais bien là,
près de moi.
alors j'ignorais cette boule
qui grandissait en moi.
cet étrange pressentiment.

et alors que la nuit semblait
nous avoir englouti
et coupé du reste du monde,
je vis une lueur de malice
s'éveiller dans tes yeux.

je compris alors l'objet de ton attention
lorsque des notes de musique
parvinrent à mes oreilles.

les échos d'une fête émergeaient
du bout de la rue,
et je compris tout de suite tes intentions
lorsque ton sourire s'élargit.
tu fis un pas en arrière.

voyant que je restais immobile,
tu revins vers moi.

— allez ash, s'il te plaît !!
on peut bien s'amuser un peu
avant de rentrer... j'ai envie de danser !

ton sourire ne désemplit pas
mais je restais de marbre.
je n'avais aucune envie de me mêler
à la cohue d'adolescents transpirants.

je voulais rester avec toi.
juste toi.

tu as dû comprendre que je ne bougerai pas
car tu reportas ton attention vers moi.
les bras croisés, tu me dévisageais.

moi je gardais les yeux rivés sur mes lacets.
je crois que j'avais honte
de vouloir te garder pour moi.

égoïste ou amoureuse ?
peut-être bien les deux.

et alors que j'étais sur le point de m'excuser,
je senti une main se saisir de la mienne.
je relevai la tête, confuse,
et rencontra ton regard qui me souriait.

sans dire un mot,
je me senti tirée vers le milieu de la rue.

ma main droite dans la tienne,
tu posas ton autre main sur ma hanche
et entamas une valse maladroite.

the art of falling.Where stories live. Discover now