𝗶𝘃

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juliet.

avant qu'elle ne tombe malade,
ma mère disait toujours
qu'elle irait faire le tour du monde.
elle disait qu'elle avait besoin
de voir d'autres horizons,
et qu'elle mourrait d'ennui
si elle devait rester
dans la même ville toute sa vie.

tu crois que c'est possible ash,
de mourir d'ennui ?
et si la routine que certains
trouvait si confortable
était en réalité un poison vicieux
qui nous détruisait à petit feu ?

comment m'assurer
que tu ne tomberas pas
dans ses bras réconfortants
une fois que je serais partie ?

mon regard se perdit au loin
tandis que je prolongeais ma réflexion.
aussi loin que remonte ma mémoire,
je crois que tu ne m'avais jamais fais part
de tes ambitions folles.

quels étaient les rêves qui t'animaient ?
quels buts souhaitais-tu absolument atteindre
avant de partir à ton tour ?

— dis ash, tu ne t'es jamais dit
que la monotonie allait te tuer ?
n'as tu jamais eu envie
de faire un truc de dingue,
pour te sentir vivante
rien qu'un instant ?
et si c'était ce qu'il nous fallait
pour être heureuse ce soir, ash...

mes pensées franchissaient
la barrière de ma bouche
avec empressement.
et à mesure que mes mots
se déversaient dans la nuit,
je me rendait compte
de ce que mon inconscient
laissait remonter à la surface.

je voulais que cette dernière nuit
soit importante.
je voulais qu'elle compte,
pour toi comme pour moi.

je voulais qu'en une soirée
soit échangés les secrets de toute une vie.
je voulais traverser des décennies
en une seule nuit.

je voulais pouvoir ne rien regretter,
tout savoir de toi
et de ton futur.

ce soir, ash
je voulais vivre à travers toi.

— allez dis-moi,
c'est quoi la folie
qui te rendrait heureuse,
là maintenant ?
vraiment, vraiment heureuse ?

mes yeux commençaient à me piquer
et ma respiration se faisait saccadée.
je comprenai alors l'importance
de cette question pour moi.

je devais m'assurer
que ton chemin était tracée.
que tu sauras où aller.

— là maintenant ?
je ne serais pas contre un peu de folie.

l'esquisse d'un sourire
s'était dessiné sur ton visage
et j'eu l'impression de respirer à nouveau.
puis, comme si quelque chose en toi
s'était ouvert, tu avais repris.

— si tu me demandais
la première chose
qui me passe par la tête,
là maintenant,
je dirais que j'étouffe.
comme si l'air ici
ne me suffisait plus.
j'en veux plus.

une sensation douce-amère
s'était déposée au creux de mon ventre.
je ne savais pas dans quoi
je m'embarquais ce soir,
mais c'était un jeu dangereux.
je risquais gros.
cette dernière nuit à tes côtés
pourrait bien me déstabiliser
et changer complètement l'issue de ce soir.
je ne pouvais pas me le permettre.

mais d'un autre côté,
j'ai toujours été joueuse.

je me levai alors,
et te tendis une main assurée.

cette nuit,
je m'assurerais que la vie
saura être belle pour toi.

— tu as raison ash, on étouffe ici...
et je sais exactement
où on pourrait aller
pour enfin respirer.

on avait sept heures devant nous
avant le levé du soleil.
et je comptais bien profiter
de chaque minute à tes côtés.

the art of falling.Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon