𝗶

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juliet.

une nuit.
une dernière nuit.

à demie-allongée
sur le rebord de ma fenêtre,
ma tête reposant sur tes jambes,
je tentais de ne pas me noyer
dans les abysses de mes pensées.

malgré moi,
je me forçais à garder les yeux fermés.
peut-être pour ne pas avoir
à affronter la réalité.

ash, ne m'en veux pas si je ne te regarde pas,
c'est juste plus simple de l'ignorer.

là, à l'abri sous mes paupières,
je laissais mon esprit réécrire mon histoire.
pendant une fraction de seconde,
je pouvais presque sentir
le parfum de ma mère
chatouiller mes narines.

je souris.

et pourtant,
je m'obligeais à garder ce doigt dansant
sur la flamme de mon briquet,
me rappelant à la réalité lorsque
celle-ci semblait trop douce
sous mes paupières.

un regard jeté à la volée
à travers la barrière de mes cils
m'informa de l'objectif de ta caméra
vissée sur mon visage.

je laissai échapper un rire.
ces derniers temps,
ils semblaient de plus en plus rares.
je me demandai si tu l'avais remarqué.

j'étais comblée à l'idée
de passer cette nuit à tes côtés.
je ne savais pas encore
à quoi elle allait ressembler,
mais peu m'importait
du moment que j'étais avec toi.

au moment où mon esprit
commençait à dériver vers toi,
je me décidai à ouvrir les yeux,
laissant la réalité me frapper de nouveau,
et l'acceptant avec résignation.

je ne pouvais pas me permettre
de douter par ta faute.
je ne commencerai pas à remettre
en question ma décision
juste par peur de ce qui adviendra de toi.

ce soir,
c'était toi et moi
vivant le moment présent.

quant à l'après,
ce ne sera plus de mon ressort.

une nuit, ash.
je m'accordai une dernière nuit.

the art of falling.Where stories live. Discover now