𝘃𝗶𝗶

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astrid.

ton regard avait pris une autre teinte.
les étincelles de malice qui éclairaient habituellement tes pupilles
avaient laissé place à un ciel orageux.

et ça ne me plaisait
pas du tout.

j'avais même peur, juliet.
peur, parce qu'au moment
où tu laissais les nuages
voiler ton regard,
c'est comme si tu étais partie.

je savais que l'histoire de ta maman
était un sujet sensible.
on n'en parlait jamais, en fait.

lorsqu'elle s'est éteinte
il y a maintenant cinq mois,
c'est là où je t'ai vu pleurer
pour la première fois.

et la dernière depuis.

de simples larmes dans un sanglot étouffé,
c'est tout ce que tu t'étais autorisé
lorsque l'on se tenait debout
devant la sépulture.

après,
plus rien.

évidemment,
je savais bien que tu souffrais.
mais tu n'en parlais pas.
alors moi non plus,
parce que je respectais ça.

pourtant ce soir,
sur cette plage,
et pour la première fois
depuis trop longtemps,
la tempête semblait
se réveiller en toi.

et ça me faisait mal, si mal.

parce que de tous les rayons de soleil,
toi ma juliet, tu étais le plus brillant.

mais dans la nuit,
plus vulnérable que jamais,
tu as laissé les larmes couler
sur tes joues rosies par le froid.

et j'avais cru sombrer avec toi.

the art of falling.Where stories live. Discover now