Chapitre 15

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Oh non. Je place l'aiguille sur mon bras, mais ma main se met soudainement à trembler violemment. Ma vision se brouille tandis que je plante la seringue au hasard.

Puis le noir complet m'envahit.

Le calme qui regne est apaisant. Je n'ai ni mal, ni chaud, ni froid. Je me laisse bercer par le silence. Je ne me suis jamais sentie aussi bien.

Petit à petit des bribes de voix me parviennent. Des voix féminines. Soudainement une horde de souvenirs m'assaille comme un lancé de couteau dans mon crâne et je sursaute en ouvrant les yeux. Ma respiration est saccadée et une chaleur insuportable me compresse la poitrine. L'atmosphère est opressante.
Je balaye la pièce où je me trouve du regard, lorsque mes yeux croisent ceux de la directrice assise à mon chevet. Je me met à chercher frénétiquement mes lunettes autour de moi mais ne les trouve nul part.

- C'est ça que vous cherchez?

La directrice me regarde très sérieusement tout à coup, tenant à bout de bras mes lunettes.

Je me penche rapidement en avant pour les saisir mais un mal de tête fulgurant me stoppe immédiatement dans mon élan.

Mrs. Clinton s'approche de moi et ajuste mes lunettes sur mon nez. Je suis tellement surprise par son geste que j'ai un mouvement de recul. Pendant une fraction de seconde je crois la voir froncer les sourcils mais son air intrigué s'efface aussi vite qu'il est apparu.

- Comment allez vous? me demande la directrice d'un ton que je n'arrive pas à cerner.

Je détourne la tête pour ne pas la regarder. Je l'entends soupirer avant qu'elle ne se racle la gorge.

- Pour tout vous dire, je m'attendais à ce que vous réagissiez comme ça. Ce n'est pas évident, je le conçois.

-Pas évident?! éclatais-je d'un coup. Vous n'êtes pas sérieuse! Dois-je vous rappeler à quoi j'ai été confronté tout à l'heure?

La directrice me regarde soudain presque amusée.

- Tout à l'heure?

Je tourne la tête vers la fenêtre. Il commence à peine à faire nuit. Ça ne doit faire que quelques heures que j'ai passé mon Examen j'imagine.

- Et bien... pas tout à fait. Lors de votre épreuve, vous n'avez pris l'antidote qu'à quelques secondes de la fin. Autrement dit, le poison a eu le temps d'atteindre quasiment 96% de votre corps. Vous vous êtes aussi tôt évanouie. Ça fait exactement trois jours que vous êtes prise de fièvre. A vrai dire votre système immunitaire est étonnement fort. Le poison aurait du vous plonger dans un coma profond, ou au moins, vous paralyser pendant deux semaines, finit-elle tout bas, comme pour elle même.

Tout ce dont je suis capable est de l'écouter sans dire un mot. Trois jours. Trois jours complets que je dors. Trois jours que mon corps essaie d'évacuer ce maudit poison. Assez, je commence à en avoir assez de cette école! Je me dégage des draps et me lève d'un coup en refoulant les douleurs lancinantes qui parcourent tous mes membres. Je ne manque pas de remarquer que je suis en blouse légère qui m'arrive au dessus du genoux. Je passe près de la directrice en lui lançant un dernier regard de défi lorsque je remarque quelque chose de brillant posé sur ses genoux. Je m'arrête immédiatement. Mrs. Clinton suit mon regard avant de sourire.

- C'est la raison de ma venue. Vous vous doutiez bien que je ne suis pas restée à vos chevets pendant les trois derniers jours. Une guérisseuse m'a informée que votre fièvre était tombée et que vous pouviez vous réveillez à tout moment, alors je suis passée.

Je la regarde toujours intriguée, attendant qu'elle poursuive.

- Veuillez vous rasseoir s'il vous plait.

Regarde-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant