9 | Nouna

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Une fois le prolapsus utérin parfaitement géré, nous quittâmes Landon en quatrième vitesse pour nous diriger chez Jorgy. Il ne s'agissait pas d'un éleveur à proprement parler, mais d'un amoureux des chevaux et il en possédait quelques-uns. Ce genre de passionné connaissait les gestes de bases à avoir et je n'éprouvai aucun souci d'ordre éthique lorsqu'il était question de filer quelques tuyaux aux plus débrouillards. Après tout, que ce soient les éleveurs ou des types comme Jorgy, ils étaient en première ligne et parfois, je n'arrivais pas à temps. D'autant plus rageant lorsque le problème aurait pu être réglé facilement.

Nombre de fermiers dans le coin savaient reconnaître un déplacement de la caillette par exemple. Je ne leur demandai pas de faire les gestes médicaux à ma place, mais j'appréciai pouvoir me faire seconder correctement ou pouvoir leur laisser une certaine latitude. Malgré tout, je restai la seule qualifiée pour les soins ou les dosages.

Pearl m'apporta quelques précisions supplémentaires concernant Vegas, le cheval malade en question. D'après Jorgy, Vegas avait mangé correctement la veille et son comportement n'avait rien eu d'anormal jusqu'à ce qu'il se mette à mâcher sa nourriture sans l'ingurgiter, jusqu'à finalement s'effondrer.

Et un cheval allongé, ce n'était pas bon. Comme n'importe quel animal de cette envergure cela dit. Mais lorsqu'il s'agissait des équidés, je sentais au fond de moi qu'il me fallait agir rapidement.

Ainsi, une fois de plus, je ne regardai pas le compteur et déboitai, un Takashi silencieux à côté de moi, sûrement encore un peu sonné d'avoir dû tenir l'utérus d'une vache. Pas directement en contact avec ses mains, mais la première fois marquait. Adamo aurait trouvé quelques blagues douteuses à ce sujet, mais pour ma part, j'aimais aussi le silence, surtout avec une journée pareille. Les débuts de semaine se voulaient souvent éreintants, ce qui me faisait réellement apprécier mon dimanche et les quelques jours que j'arrivais à prendre parfois pour faire autre chose que m'occuper d'animaux malades, mourant, ou qui avait du mal à relâcher leur gaz.

Le chalet de Jorgy nous apparut sur la gauche et je garai le pick-up entre deux grosses voitures recouvertes de poussière. Izzie, la femme de Jorgy, nous attendait devant, pressée de nous voir arriver. J'allai attraper ma mallette dans le coffre et nous contournâmes la maison pour déboucher dans l'immense jardin.

— Bonjour, tout le monde, saluai-je le petit attroupement non loin de Vegas et de Jorgy qui caressait son cheval. Qu'est-ce qui se passe ici ?

Je n'aimais pas ce que je voyais. Pour moi, il était déjà dans un sale état. Une évidence à ce stade. J'attrapai le thermomètre pour prendre la température de Vegas.

— Normal.

Mon stéthoscope pendouillait autour de mon cou. Je remis l'embout sur le thermomètre avant de le glisser dans ma poche. Takashi restait un peu à l'écart, observant l'animal qui aurait pu paraître pour agonisant.

Je me penchai sur le museau de l'animal pour regarder ses gencives.

— Choc toxique, lâchai-je.

La couleur ne mentait pas. J'indiquai à Jorgy où regarder.

— Tu vois comme c'est bleu ?

Il hocha la tête, la mine soucieuse. Un cheval coûtait cher. À l'achat, comme à la perte. Je me redressai et dans la poche avant de ma combi, j'attrapai ma petite lampe pour tester les réflexes oculaires de Vegas.

Pas de réaction au niveau de la pupille. Rien. Et ça, ça ne présageait de rien bon. Avec un soupir, je fis signe à Takashi d'approcher :

— Bon j'aimerais qu'on le prenne, en faisant bien attention et qu'on le fasse rouler, parce que là, il est couché pattes vers le haut. Je prends les pattes arrière et toi, celles de devant.

LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant