27 | Nouna

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— Si c'est une meute qui fait remonter l'information, je pense que ça peut marcher, me dit Tobias, ses hanches appuyées contre le plan de travail de ma cuisine.

Louis était reparti dans la journée, le lendemain de son arrivée, content d'avoir pu aider, mais pas plus inquiet que ça. Un homme aussi étrange que Ian par bien des aspects.

— Et quoi ? Tu crois vraiment qu'ils vont prendre tout ça au sérieux ? S'il avait été question d'humains, je ne me serais pas inquiétée quant à l'issue de toute cette merde, mais là ?

Je ne cessai de me rogner la peau de l'ongle. Nous avions prévenu Elior pour les chevaux et même d'autres exploitants qui possédaient eux-mêmes plusieurs équidés. Dès lors, Louis avait raison ; nous ne pouvions pas faire grand-chose de plus et ça avait un côté rageant.

— Personne ne devrait prendre à la légère une épidémie qui s'étend, répondit Tobias. Louis à raison ; qui nous dit qu'il n'y aura pas transmission ?

Je me frottai la nuque. Tobias vida sa tasse et attrapa le petit dossier que nous avions composé avec les données de Louis et les nôtres. Je n'avais pas réussi à avoir Keif, mais tant pis pour lui.

— Tu sais que nous avons aussi un Koning sous la main, ce serait idiot de ne pas utiliser Takashi alors qu'il peut directement contacter le Deity pour nous.

Je le fusillai du regard et il haussa les épaules. Il s'avança et déposa un baiser sur ma joue.

— Dors un peu. Nous nous inquiéterons de tout ça demain. D'accord ?

Je me contentai de hocher la tête et il partit, retournant chez lui après une longue journée. Poivre se mit à gratter à la porte menant à la clinique et je descendis avec lui pour aller jeter un coup d'œil aux quelques animaux restés pour la nuit. Il y avait King, un labrador habitué à ingurgiter tout et n'importe quoi, si bien que les lavages étaient devenus monnaie courante avec ce maudit chien. Une chatte en piteux état nous avait été amenée et elle n'était plus très loin de mettre bas. Nous avions aussi deux chihuahuas, deux teignes que Tobias ne pouvait pas saquer et Sel, allongé devant la cage d'un matou, faisant tranquillement sa toilette, libre comme l'air, lui. Poivre vint se frotter contre l'autre membre du foyer et je laissai la porte entrouverte pour que les deux remontent lorsqu'ils le souhaiteraient.

Je fis un peu de rangement dans la cuisine, sachant que je ne trouverais pas le sommeil maintenant et que même la télé ne parviendrait pas à m'abrutir. J'astiquai les meubles et la table. Je me fis une infusion et m'installai à côté de la baie vitrée pour observer la profondeur de la nuit. Louis avait raison, une fois de plus : il y avait des précédents à ce genre de mutation et il y en aurait forcément d'autres après. Le progrès n'annonçait pas que du bon. Des maladies apparaissaient et changeaient ; elles tuaient en masse avant de simplement disparaître, ne laissant le temps à personne de les attraper. Mais que ça arrive ici, là où j'officiai...

Ça me mettait en colère. Je voulais trouver une solution. Je voulais sauver les bêtes d'Elior et des autres fermiers du coin. Ils vivaient tous grâce à ça. C'était de mon devoir de trouver et de soigner.

Je soignai, bordel.

Alors, attendre que la mort fauche, ce n'était pas dans mes habitudes.

Poivre sauta sur moi, me faisant presque sursauter. Je souris avec tendresse et le caressai après qu'il se fut roulé en boule pour s'endormir sans attendre.

Mon thé refroidit dans ma tasse et je soupirai.

Nous ferions comme Tobias l'avait dit.

Nous attendrons demain. Oui, demain.

LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 Fragmented Désire [Terminée]Where stories live. Discover now